Au coin de la cheminée
La belle aux cheveux d’or (5e partie)
Résumé de la 4e partie : La belle aux cheveux dit à Avenant qu’elle acceptera de le suivre quand il lui rapportera la bague qu’elle a fait tomber, il y a un mois, dans la rivière…
Quand il retourne chez lui, il se couche sans souper. Son petit chien, qui s’appelait Cabriole, ne voulait pas souper non plus : il vint se mettre auprès de lui. De toute la nuit, Avenant ne cesse de soupirer. «Où puis-je prendre une bague tombée depuis un mois dans une grande rivière ? disait-il : c’est folie d’essayer. La princesse ne m’a dit cela que pour me mettre dans l’impossibilité de lui obéir.»
Il soupirait et s’affligeait très fort. Cabriole, qui l’écoutait, lui dit : «Mon cher maître, je vous prie, ne désespérez point de votre bonne fortune : vous êtes trop aimable pour n’être pas heureux. Allons, dès qu’il fera jour, au bord de la rivière.»
Avenant lui donna deux petits coups de la main et ne répondit rien ; mais, tout accablé de tristesse, il s’endormit.
Cabriole, voyant le jour, cabriola tant qu’il le réveilla, et lui dit : «Mon maître, habillez- vous, et sortons.» Avenant le voulut bien. Il se lève, s’habille et descend dans le jardin, et du jardin il va insensiblement au bord de la rivière, où il se promenait son chapeau sur ses yeux et ses bras croisés l’un sur l’autre, ne pensant qu’à son départ, quand tout d’un coup il entendit qu’on l’appelait :
«Avenant ! Avenant !» Il regarde de tous les côtés et ne voit personne ; il croit rêver. Il continue sa promenade ; on le rappelle : «Avenant ! Avenant !
— Qui m’appelle ?» dit-il.
Cabriole, qui était fort petit, et qui regardait de près l’eau, lui répliqua : «Ne me croyez jamais, si ce n’est une carpe dorée que j’aperçois.»
Aussitôt la grosse carpe paraît, et lui dit : «Vous m’avez sauvé la vie dans le pré des Aliziers, où je serais restée sans vous ; je vous ai promis de vous le revaloir. Tenez, cher Avenant, voici la bague de la Belle aux Cheveux d’Or.»
Il se baissa et la prit dans la gueule de ma commère la carpe, qu’il remercia mille fois.
Au lieu de retourner chez lui, il alla droit au palais avec le petit Cabriole, qui était bien aise d’avoir fait venir son maître au bord de l’eau. On alla dire à la princesse qu’il demandait à la voir. «Hélas ! dit-elle, le pauvre garçon, il vient prendre congé de moi. Il a considéré que ce que je veux est impossible, et il va le dire à son maître.»
On fit entrer Avenant, qui lui présenta sa bague et lui dit : «Madame la princesse, voilà votre commandement fait ; vous plaît-il recevoir le roi mon maître Pour époux ?»
Quand elle vit sa bague où il ne manquait rien, elle resta si étonnée, qu’elle croyait rêver. «Vraiment, dit-elle, gracieux Avenant, il faut que vous soyez favorisé de quelque fée ; car naturellement cela n’est pas possible.
— Madame, dit-il, je n’en connais aucune, mais j’avais bien envie de vous obéir.
— Puisque vous avez si bonne volonté, continua-t-elle, il faut que vous me rendiez un autre service, sans lequel je ne me marierai jamais. Il y a un prince, qui n’est pas éloigné d’ici, appelé Galifron, lequel s’était mis dans l’esprit de m’épouser. Il me fit déclarer son dessein avec des menaces épouvantables, que si je le refusais il désolerait mon royaume. (A suivre…)
Contes merveilleux
21 juin 2011
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