Au coin de la cheminée
Le chêne de l’ogre (2e partie et fin)
Résumé de la 1re partie : Le sorcier conseille à l’ogre de s’étendre, au soleil, la b\ouche ouverte, après s’être enduit la gorge de miel pour permettre aux fourmis de la lui racler…
L’ogre fit ce que lui recommanda le sorcier ; il acheta du miel, s’en remplit la gorge et alla s’étendre au soleil, la bouche ouverte. Une armée de fourmis entra dans sa gorge.
Au bout de deux jours, l’ogre se rendit à la masure et chanta
— Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !
Mais le vieillard le reconnut encore.
— Eloigne-toi, maudit ! lui cria-t-il. Je sais qui tu es.
L’ogre s’en retourna chez lui.
Il mangea encore et encore du miel. Il s’étendit de longues heures au soleil. Il laissa des légions de fourmis aller et venir dans sa gorge. Le quatrième jour, sa voix fut aussi fine, aussi claire que celle de la fillette. L’ogre se rendit alors chez le vieillard et chantonna devant sa masure :
— Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !
— Fais tinter tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille ! répondit l’aïeul.
L’ogre s’était muni d’une chaîne ; il la fit tinter. La porte s’ouvrit. L’ogre entra et dévora le pauvre vieillard. Il revêtit ses habits, prit sa place et attendit la petite fille pour la dévorer elle aussi.
Elle vint, mais elle remarqua, dès qu’elle fut devant la masure, que du sang coulait sous la porte. Elle se dit : «Qu’est-il arrivé à mon grand-père ?»
Elle verrouilla la porte de l’extérieur et chantonna
— Ouvre-moi la porte, ô mon père Inoubba, ô mon père Inoubba !
L’ogre répondit de sa voix fine et claire :
— Fais tinter tes petits bracelets, ô Aïcha ma fille !
La fillette qui ne reconnut pas dans cette voix celle de son grand-père, posa sur le chemin la galette et le plat de couscous qu’elle tenait, et courut au village alerter ses parents.
L’ogre a mangé mon grand-père, leur annonça-t-elle en pleurant. J’ai fermé sur lui la porte. Et maintenant qu’allons-nous faire ?
Le père fit crier la nouvelle sur la place publique. Alors, chaque famille offrit un fagot et des hommes accoururent de tous les côtés pour porter ces fagots jusqu’à la masure et y mettre le feu. L’ogre essaya vainement de fuir. Il pesa de toutes ses forces sur la porte qui résista. C’est ainsi qu’il brûla.
L’année suivante, à l’endroit même où l’ogre fut brûlé, un chêne s’élança. On l’appela le «Chêne de l’ogre». Depuis, on le montre aux passants.
Mon conte est comme un ruisseau, je l’ai conté à des Seigneurs.
Contes merveilleux
21 juin 2011
Non classé