Ainsi va la vie
Les preuves de l’amour (1re partie)
Par K. Yerbi
souci : Mounir a quitté précipitamment l’université pour rejoindre Wissam, avec laquelle il a un rendez-vous.
Mounir aperçoit le portail fermé du lycée et les grappes de garçons qui attendent et poussent un ouf de soulagement : les élèves ne sont pas encore sorties. Non seulement il n’est pas arrivé en retard, mais il est en avance !
Une toute petite avance puisque quelques secondes après, la cloche retentit. Encore une minute et le lourd portail du lycée de jeunes filles s’ouvre, laissant échapper un flot d’adolescentes, aussitôt assaillies par les garçons aux aguets.
Il doit tendre le cou pour voir Wissam et ne pas la rater. Ses efforts ne sont pas vains puisqu’il l’aperçoit, arrivant avec deux filles.
— Wissam !
Elle le voit et lui fait signe. Elle dit quelque chose à ses camarades, puis les quitte pour le rejoindre.
— Tu es là ? demande-t-elle en souriant
— Oui, dit-il, ravi de la voir.
Aujourd’hui, elle a mis une ravissante robe bleue décolletée, qui découvre son cou et ses bras d’une blancheur immaculée. Elle a aussi lâché ses longs cheveux noirs et s’est maquillée légèrement : juste un peu de noir pour mettre en valeur ses grands yeux couleur pervenche et un peu de rose pour rehausser son teint. Autrement, elle ne se maquille pas, parce que son père et sa mère le lui interdisent !
— On va prendre un pot ? dit-il.
— Oh, oui, dit-elle, j’ai soif !
— Il fait très chaud, dit-il.
Il y a des cafés dans le coin, mais ils n’y vont jamais, parce qu’ils ne sont pas fréquentés par les femmes : leur lieu de rencontre, c’est un salon de thé, tout à fait en bas de la ville, un salon assez huppé où beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles se rencontrent.
— Qu’as-tu fait de bon, à ton devoir ? demande-t-il.
— C’était difficile, dit-elle, tu sais bien que je n’aime pas les mathématiques !
— Et pourtant, il te faudra travailler en maths, si tu veux avoir ton bac, l’année prochaine !
— Je vais faire médecine comme toi, pas mathématiques !
— Mais tu dois, avant tout, passer le bac !
Elle hausse les épaules.
— Papa dit la même chose ! Je ne vois pas pourquoi il veut que je fasse médecine ! ce qui m’intéresse, c’est la littérature !
— Tu devrais lui imposer ton choix !
— Il ne veut rien entendre, mon frère aîné, lui, a fait, contre sa volonté, un ingéniorat, alors il veut que moi je sois médecin !
— Allez, ne t’en fais pas, l’essentiel est d’avoir ton bac ! Tu pourras enfin me rejoindre à l’université, je ne serai plus obligé de venir te chercher au lycée !
— Prépare-toi à m’aider, toute seule, je ne parviendrai jamais à le décrocher, ce bac !
— Ne t’en fais pas, je suis là !
— c’est vrai, je peux compter sur toi ?
— Bien sûr ! (A suivre…)
K.Y
21 juin 2011
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