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L’évasion d’une jeune juive vers l’Espagne

20 juin 2011

1.LECTURE

Inge (Berlin) Vogelstein avait 19 ans quand elle s’est évadée en Espagne en passant par les Pyrénées en avril 1943. Ellehabite aux Etats-Unis.C’est en 1939 que j’ai échappé avec mon jeune frère à la persécution nazie en Allemagne sous le couvert d’untransport d’enfants

vers la Belgique. Mais avec l’invasionallemande de 1940 nous étions une fois de plus sous l’emprise de Hitler. Pendant la progression de l’invasion, nous avons étéévacués par trains de marchandises sous les bombardementsvers le Sud de la France au hameau de Seyre en Haute Garonne. Nous étions un groupe d’environ 100 enfants entre 4 et 16 ans. Nous avonsvécu à Seyre pendant environ un an dans des conditions extrêmement difficiles avantque la Croix Rouge Suisse n’en eut connaissance et nous transféra vers le Château de laHille en Ariège près de Montégut Plantaurel.Malgré les conditions de vie précaires, nous arrivions quand même petit à petit à unsemblant d’organisation communautaire avant que le Sud de la France soit lui aussi occupé par les autorités allemandes. A partir de ce moment là, ceux d’entre nous quiavaient atteint l’âge de seize ans vivaient sous une menace permanente d’arrestation etde déportation.
Cela survint en 1942 : les plus âgés d’entre nous furent arrêtés et déportés vers le Camp
du Vernet avec pour destination finale les camps de la mort en Europe de l’Est. Sous nos
yeux, d’autres Juifs français et sûrement aussi d’autres minorités furent entassées comme
du bétail dans des trains vers une destinée fatale.
Grâce aux efforts de la Croix Rouge Suisse, notre groupe a été autorisé à retourner vers
la Hille.
Très vite, nous constations clairement que cela n’était qu’un court instant de répit pour
nous. Nous n’étions plus arrêtés en groupe mais individuellement à intervalles réguliers.
C’est pourquoi, un certain nombre d’entre nous décidèrent de faire une tentative
d’évasion, certains vers la Suisse, d’autres comme moi vers l’Espagne.
Nous étions cinq à partir vers les contreforts des Pyrénées. Après quelques temps deux
d’entre nous ont décidé de retourner à la Hille. Il nous manquait tout pour mener à bien
une pareille expédition: nous n’avions pas de chaussures et vêtements adaptés, même
pas de boussole et très peu de nourriture. Nous devions retrouver un guide sauf erreur,
c’était à St Girons. Mais cette personne n’était pas au rendez vous. Nous n’avions alors
pas d’autre choix que de partir seuls vers les montagnes.
Avec la tombée de la nuit et les pentes devenant de plus en plus raides, notre moral
sombrait. Nous avons décidé de frapper à la porte d’une ferme isolée et demander la
permission de dormir dans la grange pour la nuit. Une femme très gentille nous accorda
l’asile et peu de temps après elle nous apporta une soupe chaude en bravant la pluie: un
vrai cadeau de dieu.
La femme ne semblait pas surprise d’avoir des hôtes aussi étranges, elle semblait plutôt
y être habituée. Elle n’a jamais demandé nos intentions. Pendant que nous nous
revitalisions avec sa bonne soupe chaude, elle nous dit que nous n’avions aucune chance
de traverser les Pyrénées sans un guide et que son fils était prêt à nous conduire jusqu’à
un certain endroit à partir duquel il nous serait plus facile de continuer tout seuls. Ni elle ni son fils ne nous demanda rien en retour.
Tôt le matin, le jeune homme vint nous chercher à la grange et nous partîmes ensemble.
L’ascension était laborieuse mais cela ne m’a pas empêchée d’admirer la splendeur de la
montagne au lever du jour, c’est une impression inoubliable que je n’aimerais pas avoir
ratée. Après quelques heures d’extrêmes efforts, il s’arrêta et nous indiqua la direction à
prendre; puis il fit passer son béret où nous déposâmes le maigre contenu de nos poches.
Il était temps de nous séparer et nous le remerciâmes de tout notre coeur. Il retourna
vers la France pendant que nous prenions la direction opposée.
Nous avons eu beaucoup de chance, nous n’avons pas rencontré de soldats sur le côté
français. Les premiers Espagnols que nous rencontrâmes étaient un couple de bergers,
ils vivaient complètement isolés quasiment dans une grotte. Malgré la barrière de la
langue, ils nous ont offert l’hospitalité. Tout comme la femme de la grange, ils ne
manifestaient aucune surprise de nous voir. Eux aussi semblaient être habitués à de tels
visiteurs. Ils nous ont offert leur grenier de foin pour la nuit et nous n’avons jamais
dormi aussi profondément.
Nous étions vraiment exténués. Ils ont très gracieusement partagé leur repas du soir
avec nous qui consistait en une polenta et du lait de chèvre.
Peu de temps après un officier très poli de la patrouille espagnole vint nous arrêter et
nous conduisit dans sa voiture officielle vers la ville la plus proche, Lerida, et nous
délivra aux autorités.
Même si nous étions prisonniers, nous étions heureux et soulagés. Nous étions traités
civilement et nous ne fûment pas reconduits à la frontière.
􀀀 Trad Y. Tschierschke

Le frère d’Inge, Egon Berlin, est resté en Ariège et devenu un maquisard. Il est mort en combat près de
Roquefixade à l’age de 16 ans. Il est enterré au cimetière de Pamiers.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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