Hommes et femmes au destin prodigieux
K. Noubi
Résumé de la 69e partie : Le «Pourquoi-Pas ?» est poussé par la tempête vers les récifs de la côte nord de l’Islande. Charcot tente une dernière manœuvre pour sauver son bateau.
Les espoirs sont-ils encore permis ? Charcot et Le Conniat mettent toutes leurs forces quand, brusquement, une explosion retentit.
— La chaudière ! hurle le Conniat.
— Elle a explosé ! répond Charcot, dans un gémissement de désespoir.
Désormais, il n’y a plus rien à faire. Le «Pourquoi -Pas ?» n’est plus qu’une épave que les rochers vont bientôt déchiqueter. Mais le courageux commandant ne baisse pas encore les bras, tant qu’il y a un souffle de vie en lui.
«Hissez le foc ! hurle-t-il, hissez le foc !»
Mais on n’a pas le temps de retirer la voile triangulaire qui se trouve à l’avant du navire. Une lame jette le navire sur un écueil : sa coque éclate, le bateau se couche, terrassé. Et lentement, il commence à s’enfoncer dans l’eau.
«A la mer ! A la mer !», hurlent les marins.
Charcot les regarde, impuissant, mettre leurs gilets de sauvetage. Peut-être veut-il leur dire de ne pas sauter dans l’eau où les puissantes lames risquent de les jeter contre les récifs. Mais que peut-il leur proposer en échange ? s’ils restent sur le bateau, ils mourront aussi… Alors peut-être qu’en sautant, ils ont une chance.
Les hommes se jettent dans la mer. Ils sont aussitôt saisis par les vagues et précipités contre les rochers où ils se fracassent.
«Oh, les pauvres
enfants !», soupire Charcot.
— Docteur, commandant, ne restez pas là !
Les marins appellent Charcot et le commandant Le Conniat qui restent sur la passerelle. Mais les deux hommes, d’un commun accord, décident de rester à leur poste et, en dignes commandants mourir avec leur bateau.
Le seul survivant, Gonidec, a le temps de voir Charcot prendre la cage où se trouve la mouette qu’il a sauvée un jour. D’un geste auguste, il ouvre la porte de la cage et libère l’oiseau. Lui qui a des ailes pour voler, pourquoi le retenir dans un bateau qui va sombrer ? Gonidec se jette à l’eau et perd aussitôt connaissance.
Un peu plus tard, quand il se réveille, les images de la catastrophe le hantent encore. Il se dresse sur son séant et s’écrie :
— docteur Charcot !
Il regarde, effrayé, les hommes qui l’entourent ;
— Le «Pourquoi-Pas ?», le docteur…
Le navire a coulé, le docteur Charcot est mort, ainsi que le commandant Le Conniat et tous les autres marins. Gonidec est le seul survivant du drame !
On ne récupérera que vingt-trois corps sur les quarante que comptait l’équipage.
On va dresser un imposant catafalque et célébrer avec pompe les funérailles des victimes. Jean-Baptiste Charcot et ses compagnons entrent dans la légende des héros, des hommes de cœur que la mer a tant passionnés. Son père ne voulait pas qu’il fasse l’Ecole de marine, il le prédestinait à la carrière tranquille, mais sans gloire, de médecin. Mais il a fini par imposer son choix…
A suivre
K. Noubi
20 juin 2011
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