Cela s’est passe un jour/ Aventures, drames et passions celebres
Hommes et femmes au destin prodigieux (69e partie)
Par K. Noubi
Résumé de la 68e partie : Le «Pourquoi-Pas ?» est pris dans une violente tempête. Il est poussé par les vagues vers les côtes islandaises où il risque de se briser.
La tempête va durer toute la nuit. Elle va même redoubler d’intensité, poussant inexorablement le bateau vers les côtes où se dressent des récifs aux arêtes aussi coupantes que des lames. — En tenant bon, on aura une chance de ne pas nous écraser sur ces récifs.
L’essentiel pour Charcot et son second est de ne pas se laisser emporter vers les récifs d’Alftanes, au nord de Reykjavic. S’ils arrivent à les éviter, ils peuvent échapper à la mort.
Les membres de l’équipage, derrière les vitres des portes verrouillées, regardent effrayés les vagues qui leur paraissent aussi hautes que des montagnes… L’écume monte très haut, jusqu’aux hunes.
— Nous sommes perdus ! crie quelqu’un.
— non, le docteur Charcot nous tirera d’affaire. Charcot est un habitué de la mer d’Islande !
On a, en effet, confiance en celui qu’on surnomme encore «le docteur». Il a sauvé à plusieurs reprises le bateau, et cette fois-ci encore il le fera sans problème. Toute la nuit, on va s’accrocher à cet espoir. Le bateau craque de toute part, mais il tient. Dans la nuit, on ne peut rien voir mais chacun devine que la terre est toute proche : une terre qui aurait symbolisé le salut s’il n’y avait pas ces récifs.«Pourvu seulement qu’on ne se soit pas rapproché d’Alftanes.»
on ne va tarder à le savoir puisque l’aube va bientôt se lever. La tempête ne s’est toujours pas calmée et le ciel est chargé de lourds nuages menaçants.
«Bientôt on saura !», dit Charcot dans un souffle à Le Conniat.
La clarté d’une aube blafarde se dessine à l’horizon, encore un peu et on saura si on a échappé au danger. La côte apparaît et c’est la catastrophe. Le bateau se dirige droit vers les récifs d’Alftanes. Le «Pourquoi-Pas ?» en bon navire a bien résisté aux lames mais sa machine, insuffisante, n’a pas pu l’éloigner des récifs. On croyait s’en être éloigné mais en réalité, le navire n’a pas cessé de s’en approcher…
Plus tard, on se demandera si Charcot et Le Conniat savaient que la partie était perdue. en tout cas, si tel était le cas, les deux hommes, selon le témoignage du seul survivant, n’ont rien laissé paraître.
Et même quand il s’est rendu compte de la catastrophe, Charcot lance :
«Il faut tenir, on peut encore s’en sortir !»
Puisque le navire, malgré la tempête et les avaries qu’il a subies, est encore debout, et surtout, parce que le gouvernail répond encore, Charcot tente une dernière manœuvre, pour sortir des écueils.
Charcot est debout sur la passerelle, à côté de lui se tient le second Le Conniat.
— allez ! dit celui-ci.
Dans une cage, non loin de là se trouve la mouette que Chabot a accueillie et nourrie un jour et qui, une fois remise en liberté, a refusé de partir. (A suivre…)
K.N
20 juin 2011
Histoire