24.La mystérieuse affaire de Styles (24e partie)

Suspense
La mystérieuse affaire de Styles (24e partie)

Résumé de la 23e partie :Poirot va poursuivre ses investigations toujours de façon méticuleuse…

En traversant la chambre vers la fenêtre de gauche, une tache ronde, à peine visible sur le tapis brun foncé, parut l’intéresser particulièrement. Il tomba à genoux et l’examina de près, et alla même jusqu’à la flairer.
Enfin il versa quelques gouttes de cacao dans une petite éprouvette, qu’il scella avec soin. Il tira ensuite un petit cahier de sa poche.
— Nous avons fait dans cette chambre six découvertes intéressantes, dit-il en écrivant rapidement. Voulez-vous que je les énumère, ou préférez-vous le faire ?
— Oh ! faites-le, répondis-je vivement.
— Très bien. Premièrement : une tasse à café qui a été réduite en poudre. Deuxièmement : une mallette avec une clef dans la serrure. Troisièmement : une tache sur le tapis.
— Elle a peut-être été faite depuis longtemps, interrompis-je.
— Non, car elle est encore nettement humide et sent le café. Quatrièmement : un fragment d’étoffe vert foncé, un ou deux fils seulement, mais très reconnais-sables.
— Oh ! m’écriai-je. C’est donc cela que vous avez enfermé dans l’enveloppe ?
— Oui. Peut-être découvrirons-nous qu’il ne s’agit que d’une robe appartenant à Mrs Inglethorp, et cet indice ne sera-t-il d’aucune importance. Nous verrons. Cinquièmement : ceci !
Et, d’un geste dramatique, il désigna la tache de bougie sur le tapis près du bureau.
— Cette tache a dû être faite hier, sans quoi toute femme de chambre bien stylée l’eût immédiatement enlevée au moyen d’une feuille de papier buvard et d’un fer chaud. Un jour, un de mes meilleurs chapeaux… Mais passons, cela n’a rien à voir avec l’affaire.
— Cette tache date sans doute d’hier soir. Nous étions très agités. Ou bien Mrs Inglethorp a peut-être laissé tomber sa bougie elle-même.
— Vous avez apporté une bougie dans la chambre ?
— Oui. Laurence Cavendish en tenait une à la main. Mais il était bouleversé. II paraissait apercevoir quelque chose la-bas (je désignai la cheminée) qui le paralysait absolument.
— Cela est intéressant, dit Poirot avec vivacité. Oui c’est suggestif (et son regard balaya toute l’étendue du mur), mais ce ne fut pas sa bougie qui fit cette grande tache, car vous remarquerez qu’il s’agit ici de graisse blanche. Or, la bougie de Mr Laurence, qui est encore posée sur la coiffeuse est rose. D’autre part, Mrs Inglethorp n’avait pas de bougeoir dans sa chambre, mais simplement une lampe de bureau.
— Qu’en déduisez-vous donc ?
Mais, à cela mon ami se contenta de me faire une réponse assez irritante, me suppliant de faire usage de mes facultés naturelles.
— Et la sixième découverte ? demandai-je. C’est, je le présume, l’échantillon de cacao ?
— Non, répondit Poirot pensivement. J’aurais pu l’inclure dans le sixième point, mais je ne l’ai pas fait. (A suivre…)

D’après Agatha Christie