Suspense
La mystérieuse affaire de Styles (22e partie)
Résumé de la 21e partie : Poirot est accueilli au château par John qui lui dit de ne pas ébruiter l’affaire…
Justement. Il ne s’agit que d’une précaution. John se tourna vers moi ; il prit, dans son étui, une cigarette, et l’alluma.
— Vous savez qu’Inglethorp est de retour ?
— Oui. Je l’ai rencontré.John jeta son allumette dans une corbeille de fleurs voisine, geste qui outra les sentiments d’ordre de Poirot.
Il la ramassa et l’enterra avec soin.
— Il est joliment difficile de savoir comment le traiter.
— Cette difficulté n’existera pu longtemps, déclara Poirot tranquillement.
— John parut intrigué, car il ne comprenait pas clairement la portée de cette déclaration ambiguë. Il me tendit les deux clefs que le docteur Bauerstein lui avait remises.
— Montrez à M. Poirot tout ce qu’il veut voir.
— Les chambres sont fermées à clef ? demanda Poirot.
— Le docteur Bauerstein a jugé que c’était préférable.
Poirot hocha la tête pensivement.
— Alors c’est qu’il est très certain de son fait. Eh bien, voilà qui simplifie les choses pour nous.
Nous montâmes ensemble jusqu’à la chambre de la tragédie. Pour plus de commodité, j’ajoute un plan de cette chambre et des principaux meubles qui s’y trouvaient.
Poirot referma la porte à clef de l’intérieur, et se livra à une inspection minutieuse. Il courait d’un objet à l’autre avec l’agilité d’un grillon. Je demeurai près de la porte, craignant de détruire un indice quelconque. Mais Poirot ne parut pas apprécier ma discrétion.
— Qu’avez-vous, mon ami ? à demeurer ainsi comme un – comment dites-vous,
oh ! oui – comme un cochon de paille ?
Je lui expliquai que j’avais peur d’effacer quelques empreintes de pas.
— Empreintes de pas ! En voilà une idée. Il y a déjà eu une armée dans cette chambre. Quelles empreintes pourrions-nous bien y trouver ? Non, venez m’aider dans mes recherches. Je vais déposer mon petit portefeuille jusqu’à ce que j’en aie besoin.
Il le mit sur la table ronde près de la fenêtre, mais ce fut là un geste inconsidéré, car le haut de la table étant mobile, se dressa et le portefeuille tomba sur le plancher !
— En voilà une table, s’écria Poirot. Ah ! voyez-vous, ce ne sont pas les grandes maison qui ont le plus de confort.
Et sur cette boutade de moraliste, il reprit sa quête.
Une petite mallette violette avec une clef dans la serrure, placée sur la serrure, retint quelques instants son attention. Il retira la clef et me donna à examiner. Je n’y vis rien de particulier. C’était une clef de sûreté ordinaire, du type Yale et un bout de fil de fer tordu était dans l’anneau.
Il observa ensuite la charpente de la porte que nous avions défoncée et s’assura si le verrou avait vraiment été poussé. Puis il alla vers la porte d’en face, qui faisait communiquer avec la chambre de Cynthia. Comme je l’ai déjà dit, cette porte était également verrouillée. (A suivre…)
D’après Agatha Christie
20 juin 2011
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