Histoires vraies
L’exorcisme (4ème partie)
Résumé de la 3e partie : Au tribunal le père Alt dit avoir toujours pensé qu’Anneliese n’était pas épileptique mais possédée par le démon.
Anneliese était une jeune fille très croyante dans une famille tout aussi croyante. Depuis sa plus tendre enfance, elle possédait un autel pour ses dévotions et priait beaucoup, parfois cinq ou six heures par jour. Les prières n’ont donc pas été plus efficaces que le traitement médical. Anneliese continua à tomber sur le sol, à prendre des attitudes obscènes et à parler des langues étranges. Alors, en désespoir de cause, vous avez fait appel à un expert en la matière : le père jésuite Adolf Rodewyck, de Francfort, âgé de quatre-vingt-deux ans et auteur de deux livres sur la démonologie et la possession.
Lorsque vient le tour du père jésuite d’être entendu par la Cour, le président lui demande :
«Comment avez-vous su qu’Anneliese était possédée du démon ?
— J’ai demandé à Anna et Joseph Michel de présenter un crucifix à Anneliese lors de la prochaine crise et de noter sa réaction.
— Que s’est-il passé ?
— Anneliese s’est mise à gronder en voyant la croix. Elle grondait comme un loup, paraît-il. Et, pour la première fois, elle s’est mise à parler intelligiblement. Elle hurlait : «Retirez ça ! Retirez ça !»
Le diagnostic du jésuite fut sans appel : Anneliese était possédée par un ou plusieurs démons. Il fallait donc l’exorciser. La machine se mit en route. D’abord, il convenait d’en appeler aux autorités compétentes. M. Josef Stangi, évêque de Wurzburg, mis au courant des faits, donna son accord pour le grand exorcisme et chargea le père Arnold Rentz de procéder à la cérémonie avec l’assistance du père Ernest Alt.
Anneliese et ses parents ayant donné leur accord, l’exorcisme commença le 14 septembre 1975 et dura jusqu’en juin 1976. Toutes les séances furent enregistrées sur magnétophone, soit 43 bandes et 86 heures d’enregistrement.
Selon le père Arnold Rentz et le père Ernest Alt il y avait au moins six démons qui, tour à tour, possédaient Anneliese et s’exprimaient par sa bouche. Mais leurs langages étaient bien différents.
Le premier était Lucifer. Il crachait sur le crucifix, hurlait sous l’eau bénite et faisait aux prêtres des propositions malhonnêtes. Néron s’exprimait dans un vieux latin qu’Anneliese, paraît-il, ne connaissait pas. Il était aussi très intéressé par les activités sexuelles dont il parlait abondamment.
Le troisième démon, Cain, semblait plus féru de violence et décrivait avec force détails les tourments qui attendaient dans l’enfer Anneliese, ses parents, les deux prêtres, leurs amis et parents. Il imitait à la perfection les voix de personnes parfois mortes depuis longtemps, affirmant que tout ce monde rôtissait déjà en enfer.
Judas, quatrième démon, ne parlait pas souvent. Lorsqu’il le faisait, c’était pour se plaindre : 30 pièces d’argent, c’était peu, et il voulait une compensation. Toutefois, c’était pendant les manifestations de Judas qu’Anneliese avait ses plus grandes convulsions ; avec Judas sa voix devenait grave et basse, tout à fait différente de la sienne. Il semblait, paraît-il, impossible qu’elle puisse venir de la gorge fragile d’une jeune fille de vingt-trois ans.
En revanche, la voix du père Fleischmann était la plus haute. Si tous les démons étaient très connus, Fleischmann, lui, ne l’était pas. Seul le père Arnold Rentz fut capable de l’identifier. En 1563 ce prêtre-démon avait assassiné sa maîtresse : il fut défroqué, excommunié, pendu, écartelé, et selon toute vraisemblance jeté en enfer. (A suivre…)
Pierre Bellemare
20 juin 2011
Histoire