Edition du Lundi 25 Janvier 2010
Culture
“L’Amante”, une histoire de famille, d’amour et de guerre
RENCONTRE AVEC RACHID MOKHTARI À LA LIBRAIRIE CHIHAB
Par : Hana Menasria
Avant-hier après-midi, Rachid Mokhtari a présenté son dernier roman, l’Amante, aux éditions Chihab, dans le cadre d’une rencontre conviviale modérée par l’éditrice, Yasmina Belkacem.
L’Amante est le quatrième ouvrage de l’auteur, après Nouveau souffle du roman algérien, Élégie du froid et Imaqar. Dans sa dernière publication, l’auteur a regroupé trois histoires liées à Omar, le personnage principal. En fait, c’est une histoire familiale, sur fond de guerre, où se confondent sentiments amoureux, exil et destin. “Je me suis rendu compte en achevant mon livre qu’il y avait une passerelle entre l’Amante et Élégie du froid. Le personnage narrateur du dernier est un personnage dans le précédent”, a révélé Rachid Mokhtari. Ce livre évoque une famille qui a traversé des guerres, celles d’Allemagne, d’Indochine et de Libération. “Même aujourd’hui nous sommes dans un continuum de guerre. Dans quelques années, les enfants qui ont vécu les années 1990, le raconteront à leurs enfants. Feraoun et Dib ont raconté la guerre car ils vivaient l’événement, tandis que, dans notre écriture les couleurs de la guerre sont toujours présentes et on le relève du côté intimiste et non historique”, a-t-il ajouté. Outre les clins d’œil, Rachid Mokhtari utilise et joue sur la légende et le mythe, notamment avec le personnage Tamzad, la tisseuse de burnous, et Tadzaït, qui dépasse les centenaires, et qui veille sur les burnous des hommes partis au combat. “Tamzad est une légende des Aurès, une personne invisible qui vient aider au tissage et bénit les familles. Par contre, Tadzaït, est un personnage du passé qui représente la mémoire”, a confié l’auteur. Rachid Mokhtari a puisé son histoire de la mythologie, même si le contenu est en partie historique car, selon lui, “le mythe est une vision du monde”. “L’appel aux mythes, c’est un appel à des histoires anciennes, réelles. La langue du mythe est universelle, il y a des couleurs locales mais c’est pareil”, a-t-il dit. Aussi, insiste-t-il sur le fait que le roman ne peut exister sans le mythe. “Le mythe résiste à l’usure du temps, l’écriture est un mythe même dans les tragédies ont fait appel à cela. En plus, il peut vêtir plusieurs habits”, a-t-il estimé. D’autre part, l’Amante, c’est surtout l’histoire de trois hommes partagés entre la famille, la guerre et l’amour. “Au début, j’ai eu du mal à trouver un titre mais l’amante est un terme poétique. Cela a un rapport aussi avec le tissage, c’est Zaïna qui tisse pour son amant. Et il y a aussi un peu de provocation dans ce titre”, a-t-il conclu.
18 juin 2011
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