Edition du Lundi 25 Janvier 2010
Actualité
“Les
Égyptiens n’ont jamais mené de guerre dans leur histoire. J’ai été
pestiféré par les déclarations de leur élite contre notre Révolution et
notre emblème national”, a déclaré en substance l’ex-ministre de la
Défense nationale.
Les
hautes autorités politiques égyptiennes ont effacé toute trace de la
participation de l’Armée algérienne aux deux guerres de 1968-1969 et de
1973 à 1975 contre Israël. Les archives, tous documents confondus, au
Musée historique du Caire, ne font référence à aucun passage de l’ANP
(Armée nationale populaire) en Égypte, alors que plus de 20 000
officiers, sous-officiers et soldats algériens, en plus d’avions, de
chars, de canons, de véhicules de combat, cédés gratuitement à l’Égypte,
ont été envoyés à cette bataille, même si les Algériens ont participé à
une guerre d’usure. Mieux, pas moins de 117 militaires algériens ont
laissé leur vie, dont certains déchiquetés et tombés au champ d’honneur,
n’ont même pas été rapatriés. Le constat établi, le général à la
retraite, Khaled Nezzar informé, sort de sa réserve et commet un
témoignage poignant et vivant intitulé : “Sur le front égyptien, la 2e
brigade portée algérienne, 1968-1969,” un livre qui sort aujourd’hui sur
les étals chez les éditions Alpha Éditions, filiale de Alpha Design.
Révélant
sur un ton serein que “les Égyptiens n’ont jamais mené de guerre dans
leur histoire et que l’étape de cette guerre n’a jamais été une
victoire”, M. Nezzar dira que “l’objectif n’a jamais été atteint même si
un travail colossal a été fait pour la traversée de Suez. Pour la
dignité arabe, cela a été un succès, mais sachez que cette étape
historique est beaucoup plus un échec qu’un succès puisque juste après
le passage, l’armée égyptienne s’est retrouvée dans le bourbier juif et
encerclée de part et d’autre !” Le témoignage de Nezzar, qui coïncide
par ailleurs avec les fâcheux évènements du Caire quand nos Fennecs
avaient été attaqués et agressés, se veut une réponse directe aux
insinuations, voire aux attaques directes des Égyptiens qui sont allés
jusqu’à dénigrer notre glorieuse Révolution et brûler l’emblème
national. “Les Égyptiens ont transformé un match de football en guerre
parce qu’ils n’accepteront jamais un jour de perdre le leadership arabe
et la mainmise sur la Ligue arabe.
Mais pas au point de perdre le
rationnel ! Nous avons connu durant cette guerre leurs soldats et leurs
élites. Nous avons toujours eu un respect à leur manière de faire
surtout lorsqu’il s’agit d’une guerre classique. Mais le fossé est
tellement monstre entre les deux catégories à l’image du peuple composé
de deux couches, l’une qui vit et qui tient les rênes au pouvoir,
l’autre qui souffre. Il y avait des choses que je ne voulais pas dire,
mais j’ai fini par les écrire. Je comprends tout, sauf cette attaque
suicidaire contre une équipe de football !”, s’exclame encore l’auteur.
“Les Égyptiens ne connaissent pas leur vraie histoire !”
Celui-ci
défiera les vivants d’apporter la preuve du contraire et argue n’avoir
jamais reçu de démenti aux écrits qu’il avait publiés par le passé, que
ce soit sur le 5 octobre 1988 ou autres mémoires. Nezzar bombarde
encore : “la grande majorité des Égyptiens ne connaissent pas
l’histoire, encore moins cet épisode. Alors comment voulez-vous qu’ils
sachent que les Algériens ont combattu sur le sol l’ennemi israélien ?
Je me rappelle quand les Israéliens ont commencé à utiliser l’artillerie
lourde, l’un des officiers a immédiatement saisi le président Abdenacer
pour l’informer que la flotte aérienne juive a été mise à contribution,
alors qu’il ne s’agissait, en fait, que de tirs, ils ne faisaient même
pas la différence entre les sifflements. C’est vous dire que sur le plan
du commandement et des batailles inopinées, les Égyptiens sont très
loin de nous. Ils ne jouissent d’aucune expérience. Je le répète, les
Égyptiens n’ont jamais mené de guerre. Y compris contre l’Angleterre,
ils n’avaient manifesté aucune résistance !”, explique encore
l’ex-ministre de la Défense nationale. Interrogé si cette expérience
était à refaire, M. Nezzar restera évasif et avouera que “s’il existe un
objectif bien défini et qu’il y a un minimum de cohésion entre les
Arabes, pourquoi pas ? Mais force est de constater que chacun tire la
couverture de son côté”, avant de mettre en valeur l’inefficacité des
actions isolées, l’impossibilité des projets et d’apporter des solutions
aux problèmes interarabes, mais surtout la dévalorisation des réunions
au Sommet des chefs d’État. Interpellant les consciences, l’auteur dira
que son livre se veut une gifle contre “les amnésies volontaires mises
au service de stratégies parfois non explicitées”.
Le général en
retraite justifiera son retrait de la vie politique et de se consacrer
exclusivement à l’écriture de ses mémoires. “Je n’ai jamais été un
politique. Ce sont les évènements de 1988 et de 1992 qui m’ont engagé
dans la politique. Actuellement, j’ai décidé de ne plus interférer en
politique et j’ai dit tout ce que je savais. Je n’ai rien à cacher !”,
conclura-t-il.
18 juin 2011
Histoire