Edition du Jeudi 04 Février 2010
Culture
L’hébreu dans l’université algérienne : yajouz … la yajouz (2/2)
Souffles…
Par : Amine Zaoui
À Constantine, ville algérienne ancestrale où jadis vivait la plus forte communauté juive d’Algérie, dont l’histoire retient la virtuosité des maîtres juifs dans le domaine de la musique andalouse,
ainsi que les douloureuses et sanglantes confrontations déclenchées en 1934 entre les juifs et les musulmans de la ville. Après l’assassinat d’un musulman par un juif : vingt morts côté juifs, deux morts côté musulmans. Le sang versé. L’imam Ben Badis personnellement est intervenu pour arrêter les événements et les accrochages entre les deux communautés. Des familles constantinoises, ou celles descendues des villages et des alentours, dès les premiers jours de l’indépendance, sont installées dans des maisons appartenant à des familles juives, qui sous la peur des éléments de la main rouge ont quitté l’Algérie. Ces maisons contenaient des bibliothèques qui renfermaient des milliers de manuscrits et des milliers de livres rares. Avoir, chez soi, un livre écrit en hébreu, signifiait, pour ces familles constantinoises, une malédiction divine. Donc il fallait tout brûler ou déchirer et jeter dans les décharges publiques. Aujourd’hui, dans l’Algérie de 2010, pour comprendre comment se comporter envers l’hébreu, il faut relire l‘histoire de deux grands hommes de notre pays : celle de l’émir Abd-el-Kader et celle de l’imam Abdel Hamid Benbadis. Relire le comportement de ces deux grandes figures de notre patrie envers les juifs pour savoir combien nous avons assassiné une partie de notre histoire en brûlant les bibliothèques de la communauté juive algérienne, bibliothèques familiales, institutionnelles ou générales. Le premier, c’est-à-dire l’émir Abd-el-Kader n’a pas hésité à prendre un juif en tant que conseiller personnel et le second, c’est-à-dire l’imam Abdelhamid Benbadis, a reçu, dans un message du grand rabbin de Constantine, lors des funérailles, le respect et la considération. Pour reconstituer notre image historique, avec ses détails et ses traits, celle de notre pays en général ou celle de nos villes, il nous faut la présence de toutes les pièces du puzzle. En l’absence d’une telle présence, à titre d’exemple, nous ne pouvons jamais écrire l’histoire de nos écoles musicales andalouses ou autres, à Oran, à Constantine ou à Alger, sans parler des maîtres juifs algériens : Maurice al Medioni, Lili Boniche, Rénette l’Oranaise, cheikh Raymond et d’autres.
A. Z.
aminzaoui@yahoo.fr
18 juin 2011
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