Edition du Lundi 25 Janvier 2010
Des gens et des faits
“La prison du silence”
La nouvelle de Adila Katia
RÉSUMÉ : Leïla ne voit que du positif à ce que son beau-frère vive avec eux. Elle a tenu à discuter avec son mari pour lui apprendre qu’elle veut reprendre l’enseignement. Il ne refuse pas…
9eme partie
Suivie une petite querelle sur qui aimait le plus les enfants. Quand Leïla raccroche, elle soupire de soulagement. Elle a obtenu ce qu’elle voulait. Au fond d’elle-même, elle craint un peu la réaction de son beau-frère et celle de ses beaux-parents.
Leïla se presse d’aller confectionner un gâteau pour le goûter. La perspective d’être libre de ses actes lui semble rajeunir son cœur. Elle voudrait faire une fête mais elle en perd même l’idée quand rentrent de l’école Maya et Hakim. Toux deux avaient des têtes d’enterrement. Qu’est-ce qui n’allait pas encore ?
- Qu’as-tu dit à papa ? l’interroge Maya en se débarrassant de son cartable.
Leïla regarde sa fille sans saisir le sens de la question.
- Que je vais reprendre l’enseignement.
- Et il n’a rien dit ? insiste Maya.
- Que voudrais-tu qu’il dise ? rétorque sa mère. Après ce qu’il a fait, il est préférable qu’il se taise !
Une lueur passe dans les yeux de Maya puis ceux-ci se mettent à briller de larmes. Leïla n’arrive pas à comprendre. Elle pense au mariage de son mari avec cette Turque.
- Depuis longtemps, il parlait de se marier avec une étrangère, fait-elle remarquer. Serais-tu choquée ?
- Cela n’a rien à voir avec papa et son mariage, marmonne Maya. C’est à propos de Fateh… On n’a pas besoin de lui. Ce n’est pas parce que papa lui a dit d’être notre tuteur qu’on est obligé de l’accepter !
Leïla lui fait un signe de la main, l’invitant à se taire et à se calmer.
- Nous avons besoin de la présence d’un homme, je préfère que ce soit lui qu’un autre, dit Leïla fermement. Les autres sont impossibles à vivre. Et tu seras la première à en souffrir, ajoute-t-elle. C’est le seul qui soit célibataire et le seul à avoir fait des études, à avoir vécu en ville.
Leïla se tourne vers Hakim qui voulut bien sortir de son mutisme.
- Est-ce que tu le connais assez ? s’inquiète celui-ci. Peut-être qu’il a aussi mauvais caractère que mes autres oncles ? Cela ne veut rien dire qu’il ait fait l’université, qu’il ait vécu en ville. Peut-être qu’il sera encore plus difficile parce qu’il sait ce qu’offre la vie en étant libre et en ville !
- Pourquoi s’inquiéter sur des problèmes qui ne risquent même pas de se poser ? soupire leur mère, agacée par l’animosité et l’antipathie qui habitent ses enfants. Vous semblez oublier qu’il est votre oncle et que la première des choses que vous lui devez, c’est le respect ! À partir de maintenant, je ne veux plus vous entendre faire des remarques sur lui et tâchez dorénavant de taire vos sentiments ! Si cela peut vous réconforter, dites-vous qu’une fois qu’il songera à se marier, il se servira du moindre prétexte pour se retirer car ses nouvelles responsabilités ne seront pas une partie de plaisir pour lui !
Des larmes coulent sur les joues de Maya. Leïla fait de son mieux pour ne pas s’emporter après sa fille.
- La prochaine fois que papa appellera demande-lui de me laisser le rejoindre, murmure Maya. Je ne supporterai pas de vivre longtemps avec la présence de ce monstre sous notre toit.
A. K.
(À suivre)
18 juin 2011
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