Edition du Dimanche 22 Mai 2011
Editorial
Un voisinage à gérer
Par : Outoudert Abrous
Pendant que l’on se questionne sur notre espace maghrébin, celui de l’Europe grignote chez nous, chacun des grands pays de l’UE y allant de ses propres arguments, avec, pour objectif, de fructifier leurs intérêts de ce côté-ci de la Méditerranée. Pourquoi donc les États de l’espace Maghreb ne parlent-ils pas, enfin, d’une seule voix ?
O. A.
abrousliberte@gmail.com
À la porte de l’Afrique du Nord, l’Algérie est, certes, courtisée par les USA, qui l’ont classée comme État pivot, et par l’Europe, de l’autre côté de la Méditerranée, qui voit en elle un marché porteur où les compétences humaines restent les moins chères.
Ceci, pour le côté cour. Côté sud, pas moins de cinq pays sont riverains avec des frontières tracées au couteau sur les cartes des états-majors de l’ancien colonisateur. L’Algérie a investi dans le tracé avec ses voisins mais peu dans la protection.
Au Sud, la Libye constitue le danger immédiat avec le Mali. Le premier, avec la révolution du peuple contre le régime de Kadhafi, soutenu à demi-mot par les autorités algériennes. Pour les membres du Conseil national de transition, reçus partout comme les futurs dépositaires du pouvoir, on n’en sait rien, sinon que la perméabilité des frontières est un éden pour Aqmi, soucieuse de se réarmer à moindre frais et à moindre risque. La région du Sahel, mise à l’écart des circuits touristiques, reste une zone chaude et dangereuse.
Côté ouest, le Maroc se sent orphelin de la fermeture de la frontière qu’il partage avec son voisin qu’est l’Algérie. Aujourd’hui, les autorités du royaume se mordent les doigts pour cette décision impulsive de Hassan II même si son successeur de fils n’a fait aucun geste en direction d’Alger.
L’autoroute Est-Ouest va jusqu’à Tlemcen, ville frontière ainsi revigorée par des infrastructures au-delà de ses capacités d’accueil parce que le pouvoir en est issu. Cela encourage le gouvernement marocain à se faire plus insistant pour l’ouverture des frontières, le plus tôt possible, pour prendre cette place de destination touristique privilégiée qui revenait jusque-là à la Tunisie, aujourd’hui préoccupée par la gestion des retombées immédiates de sa révolution de Jasmin.
Pendant que l’on se questionne sur notre espace maghrébin, celui de l’Europe grignote chez nous, chacun des grands pays de l’UE y allant de ses propres arguments, avec, pour objectif, de fructifier leurs intérêts de ce côté-ci de la Méditerranée. Pourquoi donc les États de l’espace Maghreb ne parlent-ils pas, enfin, d’une seule voix ?
17 juin 2011
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