Edition du Mercredi 25 Mai 2011
Culture
Samy Naceri : “Je prépare mon retour !”
LE COMÉDIEN français d’origine algérienne À LIBERTÉ
Par : Tahar Houchi
À la sortie d’une projection, samedi dernier, nous flânons sur la Croisette grouillante de monde. Nous tombons nez à nez sur Sami Naceri qui ne cesse de parler de lui. Le jour même, M6 lui consacre un reportage et l’AFP publie une dépêche annonçant son arrestation à Cannes. Nous l’avions approché et a eu la gentillesse de répondre à quelques questions. Cette interview improvisée a provoqué un attroupement impressionnant.
Liberté : Bonjour Monsieur Naceri. Pourrions-nous prendre une photo avec vous ?
Samy Naceri : Bonjour ! Oui. Je vous demande 50 euros.
Nous sommes Algériens et votre prix est trop élevé pour nous…
C’est gratuit pour les Algériens. (Rire !)
Que fais Sami à Cannes ?
Je ne suis pas à Cannes pour faire de l’agitation comme le rapporte une certaine presse racoleuse. Je suis venu avec ma femme, ma fille et mon fils pour prendre du bon temps. J’ai envie de protéger ma famille. Je suis aussi là pour chercher des partenaires pour mes projets et soutenir mon associé qui gère notre boîte de transport Azur Moto Express.
La presse a rapporté que vous avez été interpellé. Que s’est-t-il passé exactement ?
J’ai eu une altercation avec un idiot de vigile à l’entrée d’une soirée privée. J’ai revu Luc Besson. Je l’ai pris dans mes bras. J’ai pleuré. Je me suis rendu dans une soirée avec des invitations en bonne et due forme. Un idiot d’agent de sécurité n’a pas voulu me laisser entrer. Je ne me suis pas laissé faire. J’ai été relâché très vite après mon audition.
Vous êtes en période de reconstruction. Quels sont vos projets en cours ?
J’ai été en prison. J’ai payé ma dette. On a voulu me faire payer autre chose. Je le refuse et je résiste. Je prépare mon retour. Je reçois tout le temps des propositions et je travaille dessus avec ma famille. Je gagne ma vie très bien. J’ai monté une boîte de transport. Quand j’arrive à aider les nécessiteux en Algérie, je le fais avec plaisir. Les Algériens sont mes frères. Mon père s’appelle Jillali Naceri. On est de Tiaret. Aider les Algériens est un devoir pour moi.
Avez-vous reçu des propositions de la part de cinéastes algériens ?
Non. Pourtant, il paraît que le cinéma algérien est en train d’évoluer. Je vais bientôt tourner avec Alexandre Arcady qui adapte le roman Ce que le jour doit à la nuit du romancier algérien Yasmina Khadra. En revanche, on va tourner en Tunisie. Je ne sais pas pourquoi. Il semble qu’il ait des problèmes en Algérie. Cela ne me concerne pas. Je ne fais pas de politique. Je suis acteur.
As-tu vu le film La Source des femmes de Radu Mihaileanu en Compétition à Cannes cette année ?
Non. Il va passer tout à l’heure. J’adore Leïla Bekhti. Je suis sûr que je vais l’aimer !
Vous avez été primé à Cannes…
Oui. Avec Indigènes. C’est fort. C’est quelque chose ! Personne ne croyait au film. Mais nous avons travaillé durement. Et nous avons réussi. Nos ancêtres ont défendu la France, et bien avant la résistance. Mon père a vendu des fleurs dans les Halles et a peint la tour Eiffel.Après, il a choisi de rentrer en Algérie où il se sent très bien. Nous, enfants des générations suivantes, avons aussi défendu – et défendons – la France. Il ne faut pas que Marie Le Pen vienne nous raconter des salades aujourd’hui !
Un dernier mot ?
Vive l’Algérie ! Vivre la France ! Vive Paris ! Et à bas Marie Le Pen et tous les fascistes.
T. H.
(*) Dimanche après-midi, devant l’hôtel Martinez sur la Croisette, le comédien a été arrêté pour exhibitionnisme. Il a été relâché 24 heures plus tard.
17 juin 2011
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