Edition du Mardi 09 Février 2010
Courrier des lecteurs
Les dégâts collatéraux d’une puce
Par : Safi Moussa Boudjemaa
Convoqué en ce début d’année au niveau d’un commissariat central (Sûreté nationale) dans l’extrême ouest algérien, je me suis vu notifier — par un P-V dûment contresigné de ma part — une invitation à me rendre vers le lointain siège de Sûreté de daïra des Issers dans la wilaya de Boumerdès,
soit à quelque 600 km de mon lieu de résidence.
Une personne, dont j’ignore l’identité mais qui elle, de toute apparence, possède la mienne, s’est trouvée, par la grâce du laxisme prévalant dans le secteur de la téléphonie dite mobile, détentrice d’une puce à mon nom émise par un opérateur, à financement égyptien, très bien connu sur la place algérienne. N’étant pas client chez cette entreprise, c’est donc sciemment et consciemment qu’un quidam a usé de mon identité à des fins d’escroquerie pour y acquérir un numéro de téléphone portable. Cette personne a pu se procurer une copie (ou l’original) de ma carte d’identité périmée (+ de 10 ans d’âge) et la recycler à des fins d’arnaques. Et me voilà, à l’insu de mon plein gré, abonné chez l’opérateur précité et promu au rang très enviable, dans ce pays, de maquignon. En effet, l’escroc, usurpateur de mon affiliation via une puce téléphonique, s’est rendu acquéreur d’un lot d’ovins et a fini par ne plus donner signe de vie à son fournisseur qui, à son tour, s’est plaint devant qui de droit.
Et me voilà donc convié à faire un long déplacement (vers la paisible ville des Issers que je découvrais pour la première fois) pour apporter la preuve de mon innocence.
Soit, voilà qui est fait, mais quid de la responsabilité de l’opérateur téléphonique qui a innocemment offert ses structures à quelqu’un qui me porte aujourd’hui gravement préjudice.
Je me suis bien présenté à une boutique de l’opérateur avec la convocation policière et ma carte d’identité pour m’enquérir des tenants et aboutissants d’une situation qui risque de déraper vers une atteinte à la sécurité des biens et des personnes. Hormis quelques envolées lyriques et moult frimes destinées probablement à m’en mettre plein la vue, je fus invité donc à attendre. Rien sur la traçabilité de la puce : de quelle officine provient-elle ? À quelle date a-t-elle été établie ? Je n’en sais rien. Il faut bien laisser le temps au faussaire de se reprendre. Je repose la question à M. le PDG de cette compagnie de téléphone : quelle est la part d’implication de sa société ?
Daignera-t-il du haut de sa prospérité participer aux préjudices financier et moral qui sont les miens ? Si son entreprise s’est fait rouler dans la semoule, dois-je obligatoirement subir tout seul les conséquences d’un acte inconsidéré ? Attaquer en justice ?
Je ne crois pas faire le poids devant un tel opérateur et son armada d’avocats. Je dois souligner que dans ce fâcheux embarras, j’ai eu à découvrir des services de police très prévenants, professionnels et courtois à mon égard.
Quelle que soit l’issue à ce qui s’apparente à un immense gâchis. Preuve est faite qu’une puce peut se faire aussi grosse qu’un cataclysme pour peu que la bêtise humaine vienne à s’en mêler.
Safi Moussa Boudjemaa Aïn Témouchent
17 juin 2011
Contributions