Edition du Mardi 07 Juin 2011
Culture
Comment les frontières actuelles des pays d’Afrique ont été tracées
REFLET CULTUREL
Par : Abdennour Abdesselam
La plupart, pour ne pas dire tous les pays d’Afrique tels qu’ils se présentent avec leurs frontières politiques d’aujourd’hui, étaient de vastes espaces géographiques dispersés et éparpillés avec des appellations très segmentées. Seules, alors, les langues distinguaient les groupes humains eux également aussi nombreux que disparates sur des îlots aux formalités imprécises.
Ainsi, l’Afrique était plutôt constituée d’entités linguistiques vivant et activant sur des ensembles plus ou moins clairs géographiquement et qui ont connus une succession d’autorités hétéroclites, très instables et éphémères. Ce n’est qu’après la création de l’OUA (Organisation de l’unité africaine, actuellement dénommée Union africaine -UA-), à Addis-Abeba en Ethiopie en 1963, que la configuration politique et territoriale actuelle des États du continent a été formalisée. En effet, la première résolution qui a été adoptée par la toute nouvelle organisation panafricaine a consacré le maintien définitif et officiel du traçage des territoires ainsi hérités de la colonisation. Les tracés sont une division arbitraire réalisée dE l’autorité coloniale. Ces novelles frontières n’ont tenu compte d’aucune considération de nature à installer l’harmonie entre les groupes humains. Ce qui fera dire à Lord Salisbury : “Nous avons entrepris de tracer des lignes sur les cartes de régions où l’homme blanc n’avait jamais mis les pieds. Nous nous sommes distribué des montagnes, des rivières et des lacs, à peine gênés par cette difficulté que nous ne savions jamais exactement où se trouvaient ces montagnes, ces rivières et ces lacs.” Même les différentes configurations (vallées, montagnes, cours d’eau…) ont été nominées en hommage à des personnages de leur propre histoire respective. Ainsi en a été de la ville de Salisbury, du lac Victoria baptisé du nom de la reine Victoria elle-même, pour ne citer que ces deux exemples. Ce découpage volontariste, inadéquat, explique en grande partie aujourd’hui les différents conflits et guerres qui ont éclaté entre groupes ethniques, ou même entre les nouvelles nations issues des tracés coloniaux.
D’autres considérations sociologiques, autres qu’ethniques, entrent en jeu également à l’image des langues de grande extension, comme le berbère dans le Nord, le peul, le swahili, le hausa ou encore le bambara dans la zone subsaharienne, même si elles couvrent plusieurs pays à la fois. Ces langues n’ont pas eu droit à leur statut. Il est évident que le découpage colonial a, de nos jours, tant bien que mal, parfois mal que bien, définitivement installé de nouvelles entités politiques même relativement stables.
A. A.
kocilnour@yahoo.fr
17 juin 2011
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