Edition du Mercredi 08 Juin 2011
Des gens et des faits
Les racines de l’amour
La nouvelle de Yasmine Hanane
Résumé : Ghenima faisait des projets. À la nuit tombée, elle ira rejoindre Mohand, et ensemble, ils quitteront le village. Cette idée la rassura, mais, elle savait au fond d’elle-même que les remords la suivraient. Mokrane s’était réveillé, et en apprenant la triste réalité, il entra dans une colère noire.
46eme partie
L’homme se tût. Une mauvaise lueur brillait au fond de ses yeux. Ghenima connaissait trop bien son frère aîné, pour ne pas comprendre ses intentions. Va-t-il tuer Aïssa ? Va-t-il sacrifier sa jeunesse et passer le restant de ses jours en prison ?
Elle sort de l’ombre et s’approche à petits pas de ses deux frères :
- Je suis consentante pour ce mariage.
- Hein, mais tu perds la raison ou quoi. Pas plus tard que ce matin, tu affichais une tête qui faisait peur à voir Ghenima.
- Oui Belkacem, mais mon frère, je ne veux pas que l’un de vous deux s’entête à faire quoi que ce soit. Maintenant que les intentions de Aïssa sont connues dans tout le village, vous serez vite montrés du doigt, et suspectés pour le moindre petit incident qui pourrait lui arriver. Non mes frères, vous avez des familles, qui ont besoin de vous, je ne veux pas que vous vous sacrifiez pour moi. Je préférerais plutôt me sacrifier pour vous tous.
Belkacem avait les larmes aux yeux. Zouina pleurait, et les deux belles-sœurs, affichaient une mine triste.
Mokrane se saisit de son burnous, et le jette sur son épaule.
- Où compte-tu te rendre Mokrane à cette heure-ci, lui demande sa mère qui avait fort bien compris ses intentions.
- Là où se rendent tous les hommes qui ont du chagrin. Un profond chagrin ne peut se noyer que dans une bouteille.
- Crains Dieu mon fils, ne nous crée pas un autre scandale.
- Quel scandale ? Tous les hommes du village se rendent chez Akli. Seuls les hommes comme moi savent retrouver une certaine sérénité dans le vin, et ça mère, tu ne pourras jamais le comprendre.
Blekacem le retint par le bras :
- Mère a raison. Évite de boire pour ce soir. Quand je t’ai ramené ce matin, tu étais tellement éméché que tu ne tenais pas sur tes pieds.
Mokrane se met à rire d’un air ironique :
- Mais cela n’a pas empêché père de passer à l’action et de céder notre sœur à Aïssa.
- Boire et te saouler ne serviront à rien Mokrane. Pense plutôt à consoler un tant soit peu Ghenima. Tâchons d’être auprès d’elle en ces durs instants.
- Ah oui ? Et que pourra-t-on lui dire : ne pleure pas petite sœur, Aïssa est un homme comme on n’en trouve plus aujourd’hui. Tu n’iras pas par quatre chemins maintenant que tu es mariée à lui.
Il pousse un soupir et poursuit :
- Non Belkacem. Ce coup est trop dur pour moi. Je ne peux accepter de gaieté de cœur ce qui arrive.
Il rabat le pan du burnous sur son épaule, et s’en va d’un pas mesuré. On l’entendit claquer la grande porte d’entrée, qui grinça plaintivement.
Zouina se tordit les mains :
- Je n’arrive pas encore à admettre que Kaci nous a tous fait rouler avec lui dans la farine. Notre famille, si unie, si heureuse qu’elle était, ne sera plus la même désormais.
Ghenima serre sa mère dans ses bras :
- Rien ne changera mère. Tu seras toujours la maîtresse chez toi, et mes frères te tiendront compagnie jusqu’à la fin de tes jours. Rien ne devra changer, je vais partir rejoindre mon destin. Seul Notre Créateur saura guider mes pas.
(À suivre)
Y. H.
17 juin 2011
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