Edition du Dimanche 22 Mai 2011
Des gens et des faits
Les racines de l’amour
La nouvelle de Yasmine Hanane
Résumé : Mohand demande à Ghenima de rentrer chez elle à la grande suprise de cette dernière. Elle tente de protester, mais il lui assure qu’il allait lui-même prendre cette affaire en main, et que son oncle Saïd, qui faisait partie des sages de la djemaâ, saura faire entendre raison à Da Kaci. Ghenima n’est cependant pas rassurée.
33eme partie
Il tente de sourire pour ce faire et poursuit :
- Allez, Ghenima, lève-toi. Il faut que tu sois à la maison avant qu’on se rende compte que tu es sortie. Je vais te précéder pour t’éviter toute rencontre malencontreuse.
Ghenima se saisit de son balluchon, mais Mohand lui dit :
- Laisse ça ici, il ne faut surtout pas qu’on te voit avec ces affaires, tu aurais vite fait de donner un argument de taille à tes intentions.
Ghenima acquiesce et redépose son balluchon par terre :
- D’accord Mohand, je te fais confiance, et en cas d’échec, je n’aurais qu’à revenir récupérer mes affaires chez toi.
- Je ne veux même pas y penser. Demain je réglerai cette affaire, et il n’y aura plus qu’un mauvais souvenir.
Ghenima sourit :
- Tu es tellement sûr de toi Mohand.
- Et comment donc ? Je n’aimerais pas te laisser prendre en pâture pour assouvir les désirs incongrus d’un vieux fou.
Ils sortirent dans la nuit noire et le jeune homme prit les devants en éclaireur. Arrivé au détour qui mène vers les premières maisons, il s’arrête et se retourne vers Ghenima pour lui chuchoter :
- Va maintenant, tu es presque arrivée, et surtout ne fais pas de bruit en ouvrant la grande porte.
Ghenima hoche la tête et se dirige à pas de loup vers la maison. Devant la porte d’entrée des éclats de voix lui parvinrent.
Elle entendit son père jurer, et ses frères hausser le ton. Chose qui ne leur était encore jamais arrivée.
On parlait sûrement d’elle. Elle entrouvrit la porte et se glisse à l’intérieur de la cour, où elle rencontre Fatiha qui la tire par le bras :
- Où étais-tu donc passée ?
- Derrière la maison, mentit-elle, j’avais besoin d’un bol d’air frais.
- Ouf ! j’ai cru ma dernière heure arrivée. Je leur avais dis que tu dormais dans ma chambre, et Belkacem m’avait demandé d’aller te chercher.
Ghenima hausse les épaules :
- Pourquoi donc ?
- Il y a eu du grabuge, comme on s’y attendait. Les garçons étaient contre la décision de ton père, et Da Kaci a menacé de les expulser de la maison, s’ils s’entêtaient à lui tenir tête.
Ghenima ébauche un sourire triste :
- Pauvre de nous. Nous sommes tous tombés dans le piège d’un homme sans foi ni loi.
- Je crois que Da Kaci n’a pas su le remettre à sa place au moment requis. Et tout le monde connaît Aïssa, il sait toujours arriver à ses fins, même s’il doit marcher sur la tête des autres.
- Eh bien, il ne marchera pas sur la mienne.
Fatiha la regarde curieusement :
- Que vas-tu faire Ghenima ?
- Moi ? Rien. Mais je sais que je ne serai jamais l’épouse de cet homme, quel qu’en soit le prix.
Fatiha s’approche un peu plus d’elle :
- Tu as rencontré Mohand ?
Ghenima hausse les épaules :
- Je ne suis pas une marionnette Fatiha. J’ai pris les devants pour me défendre
(À suivre)
Y. H.
17 juin 2011
1.Extraits