Edition du Lundi 30 Mai 2011
Des gens et des faits
Kamélia
La nouvelle de Adila Katia
RéSUMé : Habiba gâche sa joie en lui recommandant d’être très prudente car cet ami savait profiter des situations. Kamélia s’y rend sans fard, espérant qu’elle lui déplairait. Son regard chaleureux lui fait regretter d’être venue.
32eme partie
-Habiba a oublié de me dire que tu es muette, dit Hamid sur le ton de la plaisanterie. Que tu es belle !
Le compliment ne la fait pas rougir. Kamélia essaie de se tenir droite et de ne pas le regarder dans les yeux. Elle y a vu des lueurs qui l’effraient. Elle voudrait fuir mais elle est comme clouée sur la chaise.
- Habiba m’a dit que tu avais besoin d’un nouveau job, poursuit-il. Que fais-tu ?
- Femme de ménage.
- Quel gâchis !
- Il n’y a pas de sot métier, dit-elle. Mais s’il y a mieux, j’accepterai volontiers !
- Habiba m’a dit que tu ne voulais pas quitter l’hôpital pour que ton fils puisse être soigné. Tu ne veux pas travailler ailleurs ?
- Seulement s’il y a un service de cardiologie et réanimation, répond-elle. Mon fils vit grâce au pacemaker, il s’est retrouvé dans le coma, bien des fois. Sans une équipe médicale compétente, il aurait pu nous quitter ! Il a besoin d’un suivi médical.
- Ça te dirait de travailler au bureau de renseignements ?
- Oui ! Avec joie.
Kamélia le regarde décrocher le téléphone et appeler le directeur d’un grand hôpital d’Alger. Après avoir pris des nouvelles de leurs familles respectives, Hamid lui fait part de la raison de son appel.
- Je t’avais parlé d’une parente qui avait besoin d’un travail. Tu m’avais dit qu’il y avait une réceptionniste qui partait en retraite anticipée. Est-ce que je peux te l’envoyer ? Merci, merci, je lui dirais, je lui dirais de passer. On s’appelle plus tard, après qu’elle soit passée. Merci encore.
Hamid raccroche lentement, l’air satisfait. Son sourire en attend un autre en retour. Kamélia doit s’efforcer pour sourire. Elle est plus heureuse qu’elle ne le laisse paraître. Elle n’ose pas croire en sa chance. Si ce qu’elle venait d’entendre était vrai, elle allait abandonner son balai et sa serpillère, pour un stylo et un téléphone.
- Aucune réaction ? demande-t-il en haussant les sourcils, surpris.
- Merci, souffle-t-elle, l’estomac noué, sentant qu’il n’allait pas s’en contenter.
Ce cadeau offert sur un plateau d’argent, elle ne pourra l’avoir qu’en se donnant. Hamid ne dit rien mais lui griffonne un mot qu’il pose devant elle. Elle sait qu’il s’agit du lieu d’un rendez-vous. Elle voudrait ne pas le prendre et ne lui donner aucune satisfaction mais elle craint que ce geste gâche tout. Il la sait au bout d’une impasse et il allait en profiter…
(À suivre)
A. K.
17 juin 2011
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