Edition du Mercredi 25 Mai 2011
Des gens et des faits
Kamélia
La nouvelle de Adila Katia
RéSUMé : Kamélia n’en peut plus. Pour se défendre, elle achète un poignard. Si Larbi tente encore de la toucher, elle n’hésitera pas à s’en servir. Jamais plus il ne l’humiliera…
29eme partie
Kamélia devine en voyant les sourires de ses collègues que son fils est revenu à lui. Elles n’ont pas besoin de le lui dire. Elle les salue de loin, impatiente. Elle va vite à la salle de réanimation. Les médecins entourent son fils, rient et plaisantent avec lui.
La mère n’entre pas tout de suite. Elle est soulagée et heureuse. Elle le regarde discuter avec eux. Son regard brille et son sourire lui réchauffe le cœur. Elle ne croyait plus en cet instant. Même sa tante semblait avoir perdu espoir. Tout comme elle, elle pleure sans retenue. Chaque fois que son fils reprenait conscience, elle avait l’impression d’être ramenée à la vie. Que ne ferait-elle pas pour lui qui est sa raison de vivre ?
- Essuie tes larmes et entre, lui dit un infirmier.
- C’est plus fort que moi, répond-elle. Je ne veux pas qu’il me voie en larmes. Maintenant qu’il va mieux, je vais enfin rire et sourire…
Un moment après, Rahim saute de joie en la voyant entrer.
- Maman, maman, je suis guéri, dit-il alors qu’elle le serrait fort dans ses bras. Je pourrais rentrer à la maison !
- C’est merveilleux ! Mon petit cœur…
Tenir contre elle le corps frêle de son fils lui apporte une force nouvelle. Elle se sent prête à affronter sans peur Larbi et même les démons. Maintenant que Rahim allait mieux, elle prenait conscience que si elle avait fait l’erreur de se venger, il se serait retrouvé seul.
- Qu’est-ce que tu as à la ceinture ? demande-t-il.
- Rien.
Kamélia sent qu’elle ferait mieux d’aller le ranger dans son casier. Si quelqu’un le voyait, il croirait qu’elle avait perdu la raison. Ce poignard allait lui apporter des ennuis si elle le garde une minute de plus.
- Je dois y aller, dit-elle. Mais je te promets de vite revenir…
- Je t’aime maman !
Elle ne tarde pas. Elle prie pour ne pas tomber sur Larbi. Mais il a ses habitudes. Il l’attend dehors.
- Vous êtes en retard, lui dit-il, visiblement de mauvaise humeur. Vous ne ferez pas de pause, à midi !
- Et encore ?
- Aujourd’hui, tu vas nettoyer mon bureau ! Et c’est tout de suite !
- Je vais me changer ! Je vais mettre ma blouse…
- Tu es très bien comme ça !
Kamélia sent que si elle ne se débarrassait pas du poignard, elle en fera usage avant midi. Elle devinait que Larbi allait la pousser à bout, aujourd’hui. Il ne devait pas supporter de la voir heureuse.
Elle le lisait à son sourire et à son regard déterminé. Elle ne devait pas écouter son cœur qui lui disait de le saigner, à la moindre tentative.
Mais la voix de la raison lui recommandait d’être prudente et de ne pas se venger. Elle devait penser à Rahim. Elle risquait de se retrouver en prison si elle le blessait gravement ou le tuait ?
Il est vrai qu’il ne pourra plus la harceler. Mais l’idée de se retrouver en prison et voir ses fils dans un parloir lui est insupportable.
- Kamélia ! Mais qu’est-ce…
Perdue dans ses pensées, elle n’avait pas vu Habiba entrer dans les vestiaires. Elle avait beau tenter de dissimuler le poignard, c’était trop tard. Habiba l’avait vu. Kamélia se demandait quoi lui dire. Allait-elle comprendre sa peur ? Son besoin d’assurer sa propre sécurité ?
(À suivre)
A. K.
17 juin 2011
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