Edition du Dimanche 22 Mai 2011
Des gens et des faits
Kamélia
La nouvelle de Adila Katia
RéSUMé : Kamélia perd son calme et gifle Larbi lorsqu’il la suit dans son quartier. Bouleversée et craignant qu’il n’abuse d’elle, un jour, elle met sa tante au courant. Mais l’incident est vite oublié lorsque Rahim a un violent malaise…
26eme partie
La panique, la peur de perdre son enfant lui donne la force nécessaire pour prendre les devants. Elle court beaucoup plus qu’elle ne marche. Sa tante tente de la suivre mais c’est difficile vu que sa blessure de guerre ne lui permettait plus d’aller vite.
Kamélia était déjà dans la rue et fait signe à un taxi de s’arrêter. Il a compris qu’il y avait urgence et les deux clients à l’arrière l’encouragent à les prendre.
- Ne vous en faites pas madame, il s’en sortira ! dit le conducteur en la voyant pleurer. Les petits sont des battants, croyez-moi.
Kamélia est aussi de son avis mais même les plus battants peuvent se fatiguer.
Les spécialistes ont toujours dit qu’un jour Rahim n’aurait plus la force de se battre. Malgré l’opération et les récentes découvertes médicales, son avenir est incertain. Sa vie ne tenait qu’à un fil. Kamélia le savait depuis longtemps mais elle n’arrivait jamais à s’y faire.
Aux urgences, on s’occupe vite de lui. Elle connaît toute l’équipe. Celle-ci la rassure. Tout se passera bien. La mère le souhaite autant qu’eux. Les examens, hélas, ne révèlent pas l’origine du malaise.
Rahim ne se réveille pas. Il est toujours dans le coma. Kamélia trouve le temps bien long. Elle le veille toute la nuit, surveillant ses yeux, sa bouche, attendant qu’ils frémissent, qu’ils se réveillent de nouveau à la vie.
Kamélia est restée assise durant toute la nuit. La fatigue a fini par peser sur ses paupières. Elle pose la tête sur le bord du lit et s’assoupit, gardant dans la main celle de son fils.
Elle n’entend pas la porte s’ouvrir malgré le silence de la salle de réanimation. Larbi marche à pas feutré, pour ne pas la réveiller. Il va à elle, se tient derrière et pose les mains sur ces épaules. Il entreprend un léger massage, la soulageant d’une ampoule qu’elle avait à la base de la nuque.
- Hum…
Kamélia a l’impression de rêver. Ces mains si douces et chaudes qui avaient réussi à la détendre, ne peuvent qu’appartenir à un ange. Aucun être sur terre ne pouvait soulager et chasser la fatigue si rapidement. Seuls les anges ont ce pouvoir.
La jeune femme ne peut s’empêcher de remercier Dieu. En envoyant un ange s’occuper d’elle, elle avait la preuve qu’il ne l’avait pas oubliée.
- Faites-en autant pour mon fils, prie-t-elle en redressant la tête.
- Ma poupée, si je le pouvais, je l’aurais fait sans que tu me le demandes, dit Larbi. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi ?
Kamélia a l’impression de quitter le paradis, pour se retrouver en enfer.
En se tournant, elle réalise avec stupeur que l’ange avait laissé place au monstre. Larbi se tenait là, souriant, heureux.
Il avait profité de son assoupissement, pour s’approcher d’elle et la toucher.
Comment avait-elle pu croire être entre les mains d’un ange alors que son quotidien était un enfer ? Alors qu’elle savait qu’il profiterait de la moindre occasion. Il devait la croire consentante. Comment arrivera-t-elle à se débarrasser de lui, maintenant ?
(À suivre)
A. K.
17 juin 2011
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