Edition du Lundi 15 Février 2010
Des gens et des faits
“La prison du silence”
La nouvelle de Adila Katia
RéSUMé : Hakim va réveiller son oncle et ce dernier, en trouvant son frère inconscient, appelle les gendarmes. Fateh est emmené à l’hôpital. Il endosse la responsabilité. Dépassée par la situation, Maya ne dit rien de ce qui s’est passé…
24e
-Tu es un garçon bien ingrat, lui dit un gendarme. Après tout ce qu’il a fait pour vous, tu aurais pu trouver un meilleur moyen de lui prouver ta reconnaissance !
Hakim hoche la tête et garde les yeux baissés.
- J’espère que le juge sera indulgent avec toi, dit un autre. Sinon tu vas passer ta jeunesse en prison.
Fateh avait été emmené à l’hôpital. Il subira une opération pour arrêter l’hémorragie cérébrale. Il restera deux jours, inconscient.
Les jours et les semaines suivantes sont un vrai cauchemar pour Hakim et Maya. Hakim sera mis en prison et Maya verra son oncle se rétablir. Dès qu’il en eut la force, il porta plainte, accablant Hakim, sortant des témoins qui auraient assisté à maints accrochages verbaux, parlant de l’humeur belliqueuse du jeune homme.
Maya était aux tortures en voyant son frère en prison. Elle avait pensé maintes fois à aller tout avouer au juge mais les recommandations de Hakim sont clairs : garder la vérité pour elle. Il ne faut pas que les gens sachent. Il ne veut pas qu’elle gâche sa vie. Il ignorait que c’était déjà fait.
Fateh est devenu la victime. Comment se douter de son infamie ? Lui, cet oncle si dévoué, que tous avaient vu à l’œuvre, depuis des années…
Il est si malin, et quand Hakim écope d’une année de prison, Maya remarque sa déception. C’était beaucoup trop. C’est une injustice. Il est innocent mais pour Fateh, c’était peu. Une année passe vite. Il devait craindre de se retrouver en face de son neveu. Celui-ci fera un jour sa justice…
Quelques jours après sa condamnation, Hakim demande à voir Maya.
- Ne pleure pas ! Le pire a été évité, une année, ce n’es pas long, lui dit-il, très courageux. Je vais tuer le temps en étudiant. Tu m’apporteras les cours et tout.
- C’est de ma faute et je les ai laissés te briser, sanglote-t-elle. Jamais je ne me le pardonnerais ! Si seulement tu ne m’avais pas faite jurer ! Ce serait lui qui serait derrière les barreaux, pas toi !
- Maya, je n’ai ni volé ni tué. J’ai la conscience tranquille et c’est pourquoi la prison ne me brisera pas. Imagine qu’il aurait porté plainte contre toi, quelle vie aurais-tu eu après la prison ? La vie ne fait pas de cadeau aux femmes, surtout notre société. Essuie tes larmes !
Le fait qu’il ne doute plus et croit qu’il ne s’est rien passé lui donne assez de force pour le regarder.
A. K.
(À suivre)
17 juin 2011
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