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1.Le corps et l’amour dans la littérature algérienne : l’ange ou le démon (1ère partie) SOUFFLES… Par : Amine Zaoui

17 juin 2011

Contributions

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Edition du Jeudi 16 Juin 2011

Culture

Le corps et l’amour dans la littérature algérienne : l’ange ou le démon (1ère partie)

SOUFFLES…


Par : Amine Zaoui

Tantôt, de gauche à droite, j’écris. Et ma mère me dit: c’est le chemin des roumis. Tantôt, de droite à gauche, j’écris. Et ma mère me dit : c’est le chemin des musulmans, le chemin droit. Il en va de même pour la lecture. Pour moi, cette valse n’est qu’une malédiction de  Sisyphe. Cycle absurde où je me recherche, dans une lumière obscure. Chute de Sisyphe, je tâtonne le vide noir et j’écris: “je” en français ou “ana” en arabe, peu importe! Écrire le “je” ou le “ana” dans tous ses états, tous ses éclats et dans toutes ses brumes est un “jeu” draconien. Supporter, transporter la pierre de Sisyphe jusqu’au sommet du paradis, ensuite descendre jusqu’au fond de l’enfer de Dante : écrire le “je” ou le “ana”. Fixer le miroir, collé devant soi, afin de détailler les traits les plus délicats et compter toutes les rides discrètes et les vagues successives des soupirs parvenant d’un fond feu est un exercice sévère : écrire le “je” ou le “ana”, qu’importe. Amertume ou allégresse ? Par ce chemin sauvage, incertain et rocailleux passe la genèse et le défi  du texte littéraire. Je ne suis pas sûr ! Incertain. Certain. L’écrivain appartenant à ce monde obscurci et complexe appelé “arabo-musulman”, est conçu, depuis son enfance, dans l’hégémonie d’une culture dominante celle de “l’hypocrisie”. Depuis l’enfance, nous vivons dans le non-dit, dans le non-vu, le non-entendu. Et nous continuons à vivre cette situation aberrante et insensée. Dans une société schizophrène, par la  présence forte des valeurs incultes et stériles résultant d’un système d’“élevage” d’anomalie, tout texte littéraire qui veut s’inscrire dans l’autobiographie libre subit une double condamnation:
a- “l’autocensure” qui, dans un silence complice, viole l’imaginaire du texte.
b- la censure institutionnelle ordinaire et aveugle, sans bord, qui encercle le texte littéraire sur tous les fronts : politique, religion, et corps. Nous sommes les détenus, sans jugement,  d’une société où l’individuel est confisqué par le communautaire. Donc le citoyen traverse sa vie, vit sa vie de chien, par procuration. Et la littérature, la bonne littérature, n’est, en fin de compte, que la voie et la voix de l’individualité. le “je” ou le “ana”, peu importe. Dans ce monde arabo-musulman où règne, sans borne, la culture de l’hypocrisie, le religieux insidieux asphyxie l’écriture autobiographique. Ainsi la culture de fourberie handicape toute liberté d’imagination. Elle se constitue dans l’inconscient de l’écrivain sous forme d’une chaîne de dos-d’âne plantée sur le chemin de l’imaginaire. Des vigiles qui ne dorment jamais ! L’œil du renard ! Cette situation socioculturelle répressive rend l’écriture libre celle qui relève de l’autobiographie ou de l’autofiction comme un exercice maudit voire impossible. Écrire le “je” ou le “ana” ! Le “je” ou le “ana” est le centre de gravité de tout texte littéraire. La littérature, par définition, représente et reflète le cours de l’histoire universelle à travers l’histoire du sentimental. Le moteur de tout acte historique demeurera, par excellence, l’ego humain. C’est facile d’écrire ou de décrire la guerre dans ses facettes féroces extérieures. Ce qui est difficile et compliqué c’est l’écriture de l’intériorité de l’être humain. Écrire la folie de celui qui confronte la guerre ou celui qui la forge. La littérature est solide par sa fragilité magique. Les textes les plus farouches, les plus résistants sont ceux bâtis dans la douceur et la délicatesse. Ils sont rares les écrivains maghrébins ou algériens qui ont réussi le pari en écrivant le “je” ou le “ana” dans tous ses états, ses éclats, ses mensonges et ses vérités. Quand un certain Mohamed Choukri (1935-2003) a commis son roman autobiographique très controversé Le pain nu, il fut interdit. Diabolisé et enterré dans sa langue d’origine, l’arabe. Cette langue qu’il a décidé, difficilement, d’apprendre à l’âge de vingt ans. Le livre fut publié d’abord en traduction anglaise, par l’écrivain américain Paul Bowles, puis française par Tahar Benjelloun avant d’être publié clandestinement dans sa langue d’origine. Et Le pain nu  demeure, jusqu’à nos jours, interdit dans plusieurs pays arabes.

   A. Z.
(À suivre)
aminzaoui@yahoo.fr

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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