Edition du Mercredi 15 Juin 2011
Des gens et des faits
Rien que des chimères
La nouvelle de Adila Katia
Résumé : Sorreya est écarlate. Nora remarque tout de suite son trouble. Sorreya la met au courant. Nora lui apprend qu’il a des problèmes avec sa femme. Sorreya ne veut pas s’engager avec un homme marié, aussi beau fut-il. Même si elle désespère de trouver l’âme sœur, depuis longtemps…
9eme partie
J’aurais aimé vous avoir rencontrée avant, glisse Mehdi à Sorreya en l’aidant à ramasser la vaisselle sale. La vie aurait pu être plus attrayante …
Sorreya hausse les sourcils, n’arrivant pas à croire que ce grand et bel homme puisse être vulnérable au point d’être dégoûté de la vie. Pourtant, il avait tout pour être heureux : une femme, deux enfants, un travail où il est aimé et respecté de tous.
- Comment pouvez-vous regretter de ne pas m’avoir connue ? Comment pouvez-vous croire que votre vie aurait pu être meilleure alors que vous ne me connaissez pas ? rétorque-t-elle d’une voix lasse, tout en songeant aux rares camarades qui l’avaient connue et qui avaient coupé court avec elle, comme s’ils lui avaient découvert une tare, comme si le bonheur avec elle était impossible.
- Moi, je sais, lui affirme-t-il très grave. Dès que je vous ai vue, j’ai eu l’impression qu’on venait de me retirer d’une mer où j’étais en train de me noyer.
- Vous exagérez ! s’écrie Sorreya en se dirigeant vers la cuisine pour y déposer la pile d’assiettes sales qu’elle venait de ramasser. Elle sourit à El-Hadja Fatima qui avait retroussé les manches pour lui rincer la vaisselle, épaulée d’une de ses belles-filles.
- Ce Mehdi me paraît très bien, lui dit El-Hadja. Apparemment, tu lui en as mis plein les yeux !
- El-Hadja, il est marié et père deux fois ! lui rappelle Sorreya avec un air de reproches dans les yeux. Pourvu qu’il ne t’ait pas entendu, il doit être dans le couloir !
En quittant la cuisine, elle l’y trouve.
- Ne me dites pas que vous étiez en train d’écouter !
- Tout m’est tombé dans l’oreille, répond-il. Elle ne manque pas de jugeote, elle a bien vu que j’avais le coup de foudre pour toi.
- Encore une fois, tu exagères ! rétorque-t-elle. Et puis, tu es engagé ailleurs, tu as d’autres responsabilités !
- Mais toi, tu n’en as pas ! Pourquoi…
- Je ne veux pas d’un homme à partager, l’interrompt-elle. Je veux quelqu’un de libre !
- Nous sommes près à nous séparer ma femme et moi, lui apprend-il. Il y a longtemps que nous ne partageons rien .
- Mais tu as des enfants, lui rappelle-t-elle. Tu ne vas pas les laisser pour un amour où rien n’assure qu’il en est un !
- Moi, je suis sûr du contraire !
Tewfik et son beau-frère étaient sortis accompagner quelques amis venus à pied alors qu’ils résident à l’autre bout du quartier. Par mesure de sécurité, ils avaient décidé de faire un bout de chemin avec eux. Sorreya et Mehdi, dès le retour de ces derniers, n’ont plus l’occasion de se parler aussi librement. Ils peuvent juste échanger des banalités, participant à la conversation qu’avait engagée Tewfik avec sa belle-famille. Sorreya a senti que le père de Nora n’apprécie pas la présence de Mehdi, qu’il ne comprend pas pourquoi il a tenu à passer la nuit ici. Malgré cette légère tension, le grand ménage s’est fait. À deux heures du matin, il n’y avait aucune trace qu’aux heures précédentes, il y a eu une fête et qu’une centaine de personnes s’étaient retrouvées ici pour le dîner.
Tous reconnaissent que Sorreya est une perle, qu’il n’y a pas meilleure organisatrice.
- Tu en as de la chance Tewfik, dit Mehdi. Si seulement, j’en avais…
Il se tait en fermant les yeux, comme s’il en a trop dit.
(À suivre)
A. K.
17 juin 2011
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