Edition du Dimanche 15 Mai 2011
Courrier des lecteurs
QUAND L’ADMINISTRATION FAIT LA SOURDE OREILLE
Par : Habitants du bidonville de la Cité Berriane
C’est avec un grand désarroi de nos familles que nous avons décidé de vous adresser cette lettre ouverte pour dénoncer le mépris affiché à notre égard par les autorités locales durant des années, pour l’acquisition de logements décents.
En effet, nous sommes des habitants d’un bidonville situé à la cité Berriane, dans la commune de Boufarik, où sont édifiées des villas luxueuses. Certains d’entre nous logent dans ces misérables habitations depuis la période coloniale, possédant des documents le prouvant. L’administration locale a décidé l’exonération du loyer pour ces habitants.
Nous avons frappé à toutes les portes des différentes administrations, mais aucune suite n’a été donnée à nos nombreuses requêtes, l’administration faisant la sourde oreille, malgré les conditions de vie catastrophiques vécues par nos familles. Voici maintenant 49 ans que l’Algérie est libre et indépendante, mais nous n’avons pas pu profiter de cette indépendance, nous continuons à vivre l’humiliation, et les bidonvilles que nous habitons témoignent de la mal-vie que nous subissons quotidiennement, comme si nous étions resté sous le joug du colonialisme dictatorial. Nous sommes des citoyens théoriques sur papier seulement ; où est la justice, certains citoyens côtoient le ciel avec leurs habitations et nous, les habitants originaires des lieux, croupissons sous terre.
Certaines parties surveillent attentivement notre dossier, et à chaque fois qu’une initiative est prise pour le règlement de notre cas, ces énergumènes font des pieds et des mains pour bloquer tout progrès dans ce sens. La preuve accablante a été établie lors de la visite de l’ancien wali sur place, il avait donné ordre devant tous les responsables de la wilaya et de la société civile de régler notre situation dans les plus brefs délais. Malheureusement, à ce jour, nous logeons toujours dans des gourbis primitifs, ne convenant même pas aux animaux, alors que des êtres humains s’y abritent, dans l’Algérie de l’Honneur et de la Dignité. Nous voulons sortir du tunnel de l’indifférence, de la répression pour l’air de la justice, de l’égalité et de l’Humanisme.
Nos tenons à vous informer que nous vivons sous le règne de la bureaucratie, nous demeurons dans des grottes, des tombes menaçant ruine depuis la période coloniale, au vu et au su de tout le monde. Toutes les issues nous ont été fermées, de tels comportements poussent les citoyens au suicide. L’Administration peut résoudre le problème dans les meilleurs délais, en délibérant et en réservant 3 habitations pour les familles restantes, mais elle ne veut pas nous sauver de la mort certaine qui nous guette, et elle en porte l’entière responsabilité, elle (l’administration) ne s’est jamais souciée des citoyens, car certaines personnes adorent voir les citoyens souffrir, et l’administration perd son temps dans les manœuvres en nous regardant comme des citoyens de deuxième catégorie. Monsieur, vous restez notre dernier recours, votre intervention fera sûrement avancer les choses, et sortira nos familles du marasme vécu depuis trop longtemps. Comptant sur votre humanisme et sur la justice sociale prônée par notre République, nous vous prions, Monsieur, de croire à notre profond respect.
Habitants du bidonville de la Cité Berriane
Boufarik (w. de Blida)
16 juin 2011
Contributions