Edition du Samedi 07 Mai 2011
Courrier des lecteurs
Lettre à Monsieur le Premier ministre
Par : Semmar Sadek
Monsieur :
Lors de votre passage à L’APN, vous avez déclaré : “Demandez vos droits dans la légalité, ne brûlez pas les pneus et ne fermez pas les routes.” Eh bien, moi, Monsieur, cela fait 12 longues années que je revendique mes droits dans la légalité et le respect sans rien obtenir. Je vous ai envoyé 2 courriers, l’un le 31/07/2004,
l’autre le 12/08/2009, au sujet d’une injustice aveugle et impitoyable. Je vous ai supplié d’intervenir auprès du ministre de la Justice pour mettre fin à mon cauchemar. J’ai reçu les réponses de votre secrétariat me demandant simplement de ne pas abandonner mes droits. D’accord… Mais comment faire pour obtenir mes droits les plus absolus ? J’ai passé 12 longues années à écrire aux responsables de l’État, entre autres Abdelkader Bensalah et Abdelaziz Ziari. J’ai déposé un courrier au niveau de la présidence de la République le 18/07/2007, un autre le même jour au ministre des Moudjahidine, un autre chez Farouk Ksentini. L’injustice aveugle me pousse, Monsieur, à risquer la prison pour le restant de mes vieux jours. J’ai raconté mon cauchemar dans un courrier, en ai fais 100 copies et jetées au Parlement, au moment où les parlementaires se rendaient à leur travail. Toutes mes démarches sont restées vaines. Par la suite, j’ai compris que je n’étais pas victime d’une erreur judiciaire, mais d’un acte volontaire et prémédité, vu le blocage de mon dossier au niveau du tribunal de Rouiba. À 65 ans, je n’ai plus la force ni les moyens pour traîner dans un tribunal pour une toute petite affaire (du moins ce que je pensais), mais, hélas, cela dure depuis 12 ans : il s’agit d’un rappel à l’ordre d’un propriétaire immobilier à respecter ses engagement. Ce propriétaire m’avait loué 2 locaux commerciaux inachevés à Rouiba et à Alger, avec 2 contrats notariés, et après avoir fini les travaux, j’ai entamé mon activité de restauration. 10 mois après, ce propriétaire me chasse du restaurant. Je me suis présenté au procureur du tribunal de Rouiba afin qu’il rappelle à l’ordre ce propriétaire à respecter ses engagements. Il a violé 2 contrats de location de 2 années.
Mais le procureur m’avait demandé de l’attaquer en justice, et c’est à partir de là que mon cauchemar a commencé. 12 longues années, je faisais la navette de 100 km aller-retour de chez-moi à ce tribunal juste pour écouter un seul mot : le report du jugement reporté à une date ultérieure.
Mais, aujourd’hui, ce qui est immoral et inhumain, ce sont ces 7 longues années suivies de 6 autres de non-exécution de décisions de justice, et la somme retenue contre lui à me verser est une misérable petite compensation qui ne représente même pas le tiers de la somme que j’ai dépensée dans ces 2 locaux. Aujourd’hui, 12 longues années de torture, c’est un massacre d’un vieillard de 65 ans pour le plaisir d’un escroc. Le ministre de la Justice avait déclaré en 2005 qu’“aucune décision de justice ne dépasserait pas les 6 mois pour être appliquée”, que dira-t-il d’une toute petite décision non appliquée depuis 6 ans ? Le ministre avait aussi déclaré que “les affaires qui ont longtemps traîné dans les tribunaux ont droit à l’indemnisation”. 12 longues années de souffrance.
Vous voyez, Monsieur le Premier ministre, c’est depuis 12 longues années que je demande mes droits les plus absolus dans la légalité et le respect, et je ne brûle pas les pneus, je ne ferme pas les routes…
Semmar Sadek
39, rue du 1er-Nouvembre, Rouiba Alger
16 juin 2011
1.POESIE