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“La presse est à cheval sur l’honneur et la forfaiture” Mohamed Benchicou à liberté Par : Karim Kebir

16 juin 2011

Contributions

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Edition du Mardi 03 Mai 2011

Dossier

“La presse est à cheval sur l’honneur et la forfaiture”

Mohamed Benchicou à liberté


Par : Karim Kebir

Il est sans doute l’un des plus talentueux journalistes de sa génération. Avec un sens de la formule dont lui seul connaît le secret, Mohamed Benchicou, quelque peu effacé ces dernières années après sa sortie de prison,

mais toujours présent dans son Matin, dans sa version électronique, avec aussi quelques apparitions dans le Soir d’Algérie apporte à la faveur d’une sollicitation de Liberté son regard sur la situation de la presse aujourd’hui, à la lumière d’un contexte complexe, en pleine mutation. Demeuré fidèle à une certaine idée de la presse dont il ne se lasse pas de dénoncer les travers et d’en louer les sacrifices, il évalue l’état de notre presse aujourd’hui face à l’émergence de nouveaux médias, et les défis auxquels elle est confrontée. “En 2011, elle reste à cheval sur l’honneur et la forfaiture. Avec le boom des réseaux et médias sociaux (facebook, Twitter), l’émergence des nouveaux sites d’information, les mouvements de protestation initiés dans les médias publics (radio, ENTV, APS, El Moudjahid…), on peut dire que la presse algérienne, en cette année 2011, paraît avoir reconquis timidement, après tant d’années d’humiliation, ce que Camus appelait le jeune visage de la grandeur retrouvée” dit-il. “Le fait que des journalistes refusent de s’abaisser à la servitude du mensonge est quelque chose de prometteur pour l’avenir de la presse algérienne”, relève-t-il encore. Un bémol cependant : “Mais dans sa structure, la presse algérienne est toujours celle d’un État bananier. C’est la rançon payée à l’inertie et au fait que nous n’ayons pas encore fait notre révolution du jasmin. Tous les espaces de la création sont mis sous tutelle par l’État policier, dans le cadre de la stratégie de contrôle et de conditionnement de la population, que ce soit dans le journalisme, le cinéma, le théâtre ou l’édition”, regrette l’auteur des Geôles d’Alger.
Que faut-il alors pour que la presse devienne réellement libre ? “La presse algérienne ne sera vraiment libre que lorsque le dispositif de la désinformation sera mis hors d’état de nuire et restitué à sa vocation de service public (…), croire en elle-même et refuser de collaborer avec l’État policier”, estime t-il. Benchicou est convaincu que le régime réfractaire à l’existence d’une presse libre fera tout pour discréditer les journaux à travers notamment ce qu’il l’appelle “la presse baltaguia” du nom de ces perturbateurs de la révolution égyptienne. Mais de façon plus globale, il observe que la consécration d’une presse libre n’est pas uniquement du ressort des journalistes, mais aussi de la lutte de tous les citoyens épris de liberté. “En vérité, la presse libre n’appartient pas aux journalistes mais aux peuples. C’est une affaire des citoyens. Seule la société a besoin d’un porte-voix moderne et démocratique pour être informée, et participer à la vie de la nation. Le régime, lui, n’a besoin que d’outils de propagande, d’instruments de la désinformation (…) Elle reste tributaire des luttes populaires pour la justice et la démocratie et du processus historique de transformation de l’État policier algérien en un État démocratique”. Hostile aux États généraux de la presse dans le contexte actuel, “une idée cynique”, selon lui, “et avec qui ?” s’interroge-t-il. Benchicou ne se fait pas trop d’illusions sur les dernières annonces présidentielles. “Ce régime est désormais disqualifié pour s’occuper de liberté de la presse. Il n’est ni fiable ni digne de confiance. Que nous prépare-t-il ? Que Bouteflika commence par restituer la télévision aux Algériens, qu’il arrête de financer la presse baltaguia, qu’il rétablisse le droit de créer des journaux, qu’il rétablisse le dépôt légal dans son statut de simple déclaration…”, soutient-il. Interrogé enfin sur un éventuel retour du Matin, Mohamed Benchicou qui soutient que celui-ci n’a pas tout à fait disparu promet qu’il retrouvera ses lecteurs après le départ… du régime.
“Mais Le Matin n’est jamais parti ! Il est dans le cœur des Algériens (…) Aujourd’hui encore, je pense que sa disparition dans l’honneur apporte plus à la cause de la liberté qu’une existence dans l’indignité (…) Le Matin retrouvera ses lecteurs après le départ de ce régime. Il reviendra indemne et intact de compromissions. Nous, on a le temps. Le temps et la détermination”, conclut-il.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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