Edition du Mercredi 11 Mai 2011
Des gens et des faits
Kamélia
La nouvelle de Adila Katia
Résumé : Grâce à l’intervention de sa tante, Kamélia ne retourne pas vivre à Chlef. Elle et ses enfants s’installent à Alger, chez sa tante. Au bout de quelques mois, elle trouve du travail. Elle est heureuse d’être indépendante…
19eme partie
-Ça va ? Tu t’entends bien avec eux ? l’interroge sa tante après deux semaines de travail.
- Oui.
Kamélia ne pouvait pas lui dire “non”. Personne n’aimait faire le ménage à l’hôpital ou ailleurs à part chez soi. Mail il n’y a pas de sot métier. Le salaire qu’elle allait percevoir allait lui permettre de souffler un peu et de faire des cadeaux à ses fils. À la rentrée scolaire, elle emmènera Karim choisir son cartable et les articles scolaires dont il aura besoin. Elle avait remarqué qu’à son retour des colonies, il avait retrouvé son sourire et chaque fois qu’il souriait, il semblait lui dire “pardon”. Au début, la jeune mère avait cru qu’elle s’imaginait le tout en confiance. Karim s’était confié à elle, lui apprenant que son père s’était remarié. Il avait pris conscience que ce dernier l’avait vite oublié et il voulait faire comme lui, tourner la page pour mieux vivre sa vie auprès de sa mère et son petit frère. Kamélia n’avait pas menti en affirmant qu’il était égoïste. Pas un appel, pas une lettre. Pas de mandat. Karim décide de ne pas lui accorder une seule de ses pensées. Il ne méritait pas ça.
La sûreté et le regard de son enfant l’auraient comblé de bonheur si elle n’avait pas d’autres soucis en tête.
Elle était heureuse d’avoir gagné sa confiance et son amour. Elle avait cru les avoir perdus à jamais. Karim avait été très proche de son père. Leur relation avait été si forte qu’aux premiers mois de la garde, il lui avait été difficile de se rapprocher de lui. Il lui en avait voulu de les avoir séparés.
Ce temps froid n’était plus qu’un mauvais souvenir et appartenait au passé. Il n’y avait plus d’ombre entre elle et son fils, et cela n’avait pas de prix. Ses fils tout à elle, elle partait au travail le cœur tranquille. Cependant, une fois qu’elle y parvenait, un problème se pose.
Heureusement, pour elle, elle s’est faite une amie, Habiba. Celle-ci exerce la médecine et lorsqu’elle n’est pas de garde la nuit elle reste avec elle, dans son bureau. Elles en profitaient pour discuter et se raconter leurs vies privées. Kamélia ne supportait pas de rester dans les vestiaires lors des pauses. Elle se sentait bien en la compagnie de Habiba et surtout en sécurité. Le regard des autres l’indisposait. Elle se sentait vulnérable et gauche lorsqu’elle était épiée.
Elle ne supportait pas le regard des hommes sur elle. Au sein même de l’hôpital, ils sont nombreux à vouloir la connaître, à tenter leur chance.
Kamélia n’avait rien perdu de sa beauté. Elle n’avait que trente ans. Depuis qu’elle n’avait plus de problèmes familiaux, elle est épanouie. Les hommes se tournent toujours sur son passage. Elle ne peut pas passer inaperçue et cela l’agaçait.
Sa tante Saleha avait remarqué son front plissé lorsqu’elle rentrait du travail. Mais Kamélia retrouvait vite son sourire en étant avec elle et ses enfants, elle pense se faire des idées. Toutefois, elle l’interroge fréquemment.
- ça s’est bien passé au travail ?
- Oui.
Kamélia soupire tout en souriant. Elle ne veut pas inquiéter sa tante. Elle espère s’être faite de fausses idées et se tromper. Le chef du personnel était entré une fois aux vestiaires au moment où elle se changeait. Il s’était excusé mais en avait aussi profité pour la regarder. Elle n’était pas prête d’oublier cet incident. Car, lorsqu’elle y pensait, elle ne croyait pas qu’il soit venu là, par hasard. Ces regards appuyés lorsqu’elle était dans son champ de vision la mettaient terriblement mal à l’aise. Elle sentait qu’il ne s’en tiendrait pas qu’à la regarder. Il y avait trop de fièvre dans son regard pour qu’il ne provoque pas d’autres incidents. Mais, jusqu’où ira-t-il ? Kamélia craignait d’aller aux vestiaires ou ailleurs. La peur de se retrouver seule avec lui, l’empêche de dormir.
(À suivre)
A. K.
16 juin 2011
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