Edition du Jeudi 28 Avril 2011
Contributions
Le 11 mars 2011, à 14h46, le Japon a été frappé par un séisme d’une puissance jamais observée jusqu’à présent. Aujourd’hui, l’ensemble de la nation japonaise fait tout son possible pour le rétablissement et la reconstruction des régions touchées par la série de tragédies qui ont suivi le grand séisme de l’est du Japon et qui ont fait plus de 27 000 morts
et disparus, parmi lesquels des ressortissants étrangers.
Depuis cette date, le Japon a bénéficié d’un fort soutien de la communauté internationale ainsi que de ses amis à travers le monde. Au nom du peuple japonais, je tiens à exprimer mes remerciements les plus sincères pour le soutien important et les témoignages de solidarité que nous avons reçus de plus de 130 pays, de près de 40 organisations internationales, ainsi que d’un grand nombre d’ONG et de citoyens du monde entier. Le peuple japonais est profondément touché par les Kizuna (les liens d’amitié) que lui témoignent ses amis du monde entier. En outre, cette épreuve lui a aussi permis de prendre conscience de la véracité de l’expression “c’est dans le besoin qu’on reconnaît ses vrais amis”. En Algérie aussi, nous avons reçu beaucoup de messages de sympathie et de solidarité. Je tiens à remercier en premier lieu S.E.M. Abdelaziz Bouteflika pour sa lettre de condoléances et S.E.M. Mourad Medelci de sa visite à l’ambassade du Japon en témoignage de la solidarité de l’Algérie envers le Japon.
Le Japon a reçu les aides et les soutiens particuliers de l’Algérie et je ne peux ne pas exprimer ma profonde gratitude à l’égard de tout le peuple algérien. Il est extrêmement regrettable qu’un accident estimé au niveau le plus élevé de l’échelle Ines se soit produit sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, accident que je considère avec la plus grande attention. Ma priorité étant de rétablir le plus rapidement possible la situation sur le site de la centrale, j’ai actuellement pris la tête des efforts fournis par l’ensemble du gouvernement pour résoudre ce problème. Face à la nécessité de lutter contre les risques induits par cet accident, j’ai mobilisé l’ensemble des ressources disponibles sur la base des trois principes suivants :
- donner la priorité absolue à la santé et à la sécurité de la population, en particulier les personnes résidant dans les environs de la centrale ;
- mener la gestion des risques de manière consciencieuse et approfondie ;
- mettre en place un système de réponse prenant en compte tous les scénarios possibles.
Nous continuons par exemple à faire tout notre possible pour régler le problème posé par le déversement d’eau contaminée dans l’océan. De même, suite à la découverte de produits alimentaires contaminés par les radiations de la centrale de Fukushima, mon gouvernement a pris toutes les mesures possibles pour garantir la sécurité alimentaire, selon des critères scientifiques stricts. Le Japon a établi des mesures de précaution élevées afin que la sécurité des denrées alimentaires et des produits japonais disponibles sur les marchés continue d’être assurée. Pour conserver la confiance des consommateurs japonais et étrangers dans les produits japonais, mon gouvernement redoublera ses efforts pour garantir un haut degré de transparence des informations relatives à la centrale de Fukushima Dai-ichi, y compris l’évolution au jour le jour de la situation. Le gouvernement japonais a l’intention de mener une enquête rapide et complète sur les causes de l’accident, de partager avec le reste du monde les connaissances et les leçons acquises et de participer activement au débat international sur l’amélioration de la sûreté nucléaire, afin qu’un tel accident ne se reproduise plus. Par ailleurs, du point de vue de la politique énergétique globale, nous devons nous préparer pour le double défi de répondre à une demande énergétique mondiale en augmentation et de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre l’aggravation du réchauffement planétaire.
À travers la “Renaissance du Japon”, je souhaite présenter au monde entier une vision comprenant notamment la promotion active des énergies propres qui puisse contribuer à résoudre le problème mondial de l’énergie. Le grand séisme de l’est du Japon et le tsunami qui en a résulté constituent la plus grande catastrophe naturelle qu’a connue le Japon depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La reconstruction des zones dévastées ne sera pas aisée, mais je considère que ce drame représente une opportunité importante pour assurer la “Renaissance du Japon”. Mon gouvernement consacre toute son énergie à montrer au monde sa capacité à établir un modèle social des plus sophistiqués pour la reconstruction de la région de Tohoku basé sur les trois principes suivants :
- création de communautés régionales capables de résister aux catastrophes naturelles ;
- établissement d’un système social permettant aux habitants de vivre en harmonie avec l‘environnement planétaire ;
- établissement d’une société qui prend soin de ses membres, notamment les plus vulnérables.
Après les destructions de la Seconde Guerre mondiale, le peuple japonais a pu se redresser grâce à ses ressources et à son potentiel pour réaliser une reconstruction remarquable à l’origine de la prospérité actuelle. Cette fois encore, le Japon parviendra assurément à surmonter cette crise, à se reconstruire et en ressortira renforcé. Je suis également convaincu que la meilleure façon de répondre aux forts Kizuna et à la chaleureuse amitié que la communauté internationale nous a témoigné est de contribuer à nouveau à son développement. À cette fin, je ferai tout mon possible pour mettre en place une reconstruction “tournée vers l’avenir”, qui donne aux gens de l’espoir pour le futur. Et je souhaite pouvoir continuer à compter sur votre soutien et votre coopération. Arigatô.
N. K.
(*) Premier ministre du Japon
15 juin 2011
Contributions