Edition du Samedi 26 Mars 2011
Culture
Le dernier voyage
HAMID SKIF
Par : Sara Kharfi
Après une cérémonie de recueillement organisée mercredi à l’aéroport Houari-Boumediene d’Alger, Hamid Skif, Mohamed Benmebkhout de son vrai nom, a été enterré, jeudi, au cimetière de Aïn El Beïda à Oran.
Hamid Skif est décédé, le 18 mars dernier, en son domicile à Hambourg, à l’âge de 60 ans des suites d’un cancer des poumons. Peu connu en Algérie, Hamid Skif est pourtant une figure importante mais discrète de la littérature algérienne. Journaliste, romancier, nouvelliste et poète, la poésie parfumait la prose de cet auteur qui savait nous expédier dans le monde tout en saisissant la tragédie. Né en 1951 à Oran, Hamid Skif a été un acteur culturel important dès son plus jeune âge. Très tôt, il découvre sa passion-vocation : la poésie et le théâtre. Pourtant c’est dans le journalisme qu’il fera ses preuves, en travaillant notamment à la République, à Révolution africaine et à l’APS. Son œuvre littéraire est dense, entre poésies, nouvelles et romans : de les Exilés du matin (poèmes), à Monsieur le Président, en passant par la Princesse et le clown et bien sûr la Géographie du danger, ainsi que le recueil de nouvelles, les Escaliers du ciel. Hamid Skif a également participé au 2e Festival culturel panafricain, en 2009, et ce, en prenant part à la résidence des écrivains. Cette résidence avait donné naissance à un recueil de nouvelles, intitulé Ancrage africain (éditions Apic), où Hamid Skif avait signé une nouvelle intitulée le Voyage. Une profonde tendresse se dégageait de son écriture pour les personnages. Hamid Skif a peint le chaos, a dessiné les contours d’une œuvre marquée par la recherche de la trace. Cet auteur qui se jouait des mots à tel point que la langue devenait flexible et malléable sous sa plume avait tenté de réhabiliter l’image du peintre algérien, Abdelkader Guermaz, inconnu presque en Algérie, en organisant entre autres des rencontres et des conférences. D’ailleurs, Hamid Skif préparait un livre sur le parcours de ce peintre qu’il avait connu et pour lequel il vouait une grande passion. Mohamed Benmebkhout n’est plus, mais Hamid Skif est immortel grâce à son œuvre. Le lire serait le plus bel hommage qu’on puisse lui rendre, parce qu’aussi longtemps qu’on le lira, il vivra encore, et encore, et encore…
15 juin 2011
EPHEMERIDES