Edition du Lundi 02 Mai 2011
Des gens et des faits
Les racines de l’amour
La nouvelle de Yasmine Hanane
Résumé : Zouina refusait d’admettre que son mari venait d’accorder la main de Ghenima à Aïssa. Sans consulter quiconque. Da Kaci s’était fait prendre dans le piège d’un homme égoïste et orgueilleux. Mais malgré ses torts, Da Kaci refusait de montrer sa faiblesse et va même jusqu’à menacer sa femme.
19eme partie
Zouina pleurait toujours et se lamentait. Il se détourne, pour qu’elle ne remarque pas son air abattu, et les larmes qui brillaient dans ses yeux. Oui, il pleurait, il passe une main sur sa joue, pour essuyer une larme, puis renifle, et refoule ses sanglots, en se raclant la gorge avant de lancer :
- Je te laisse le soin femme d’annoncer cette heureuse nouvelle à ta fille.
- Heureuse nouvelle ! Laisse-moi donc rire, Ghenima va s’évanouir en apprenant qu’elle est promise à un homme de l’âge de son père, répugnant, orgueilleux et sans scrupules.
Un homme qui porte malheur à quiconque l’approche, et qui n’en fera d’elle qu’une bouchée avant de l’enterrer.
Da Kaci se lève et remet sa chéchia avant de cracher par terre :
- Tu dois exécuter mes ordres femme. Quand ma patience est à bout, je ne réponds plus de mes gestes, alors ne me provoque pas, sinon, tu recevras la correction la plus mémorable de ta vie.
- Hein, tu n’a pas honte de me menacer ainsi, alors que je suis la fille de Si Ali, des Aït Aïdel, l’homme le plus vertueux du village, et le confident le plus sûr. En plus je suis la grand-mère de tes petits enfants et la mère de tes fils Mokrane et Belkacem.
- Tes arguments ne valent rien devant ma décision femme, j’irais jusqu’à te répudier s’il le faut.
Zouina est sidérée. Elle se laisse tomber sur une peau de mouton et se met à se lamenter.
- Arrête donc ta litanie, femme. Ce n’est pas un enterrement que nous préparons, mais un mariage !
- Oh ! tu peux le dire, nous préparons plutôt un enterrement. Ghenima ne va sûrement pas sauter au ciel en apprenant que tu viens de la “vendre” à un bourreau. Je ne pense pas qu’elle tiendra le coup jusqu’au jour de son mariage, et même dans le cas contraire, elle ira rejoindre plutôt sa tombe que son foyer, puisque ce croque-mort, ne peut pas garder une femme auprès de lui plus d’une année.
- Nos vies sont entre les mains de Dieu. Je ne vais pas me raser la moustache devant la djemaâ et manquer à ma parole parce que toi ou ta fille refusent ce mariage.
- Tu oublies tes fils Kaci, tu oublies Belkacem et Mokrane, et le reste de la famille, et le village.
- Je n’oublie personne. Mes fils s’inclineront devant ma décision, et quelle que soit leur réaction, je ne vais pas subir l’humiliation de me faire montrer du doigt. Quant aux autres, ils n’ont pas à se mêler d’une affaire qui ne concerna en premier lieu que moi-même. Est-ce que je me mêle moi du mariage de leurs filles ?
- Mais bien sûr que tu es mêlé. Ne t’invite-t-on pas à prendre place devant l’assistance à chaque fois qu’une fille est demandée en mariage dans notre famille ? Mais cette fois-ci, Kaci tu as brûlé toutes les étapes. Tu n’as consulté personne, et ce vieux vicieux de Aïssa a su t’avoir aussi facilement qu’un grain de blé tombé d’une grange.
(À suivre)
Y. H.
15 juin 2011
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