Edition du Lundi 28 Mars 2011
Des gens et des faits
L’Algéroise
La nouvelle de Yasmine Hanane
Résumé : Tel un couperet, le diagnostic tombe : Nacéra souffre d’une tumeur au poumon, en phase terminale. Rachid est anéanti, et ne sait comment annoncer la nouvelle à la famille. Pourtant il le faut, car la jeune femme n’avait plus longtemps à vivre.
110eme partie
Nadjette savait que son mari était bouleversé et se proposa de l’aider.
Avant l’arrivée des membres de sa famille, et sur insistance de Rachid, on décida de “débrancher” tous les appareils qui maintenaient la jeune femme dans un sommeil artificiel, et de conduire cette dernière dans une chambre attenante à la salle de réanimation.
Fettouma, Khedaoudj et Naïma arrivèrent presque en même temps. Elles étaient tout agitées et ne cessaient de poser des questions sans laisser le temps à Nadjette ou à Rachid de leur répondre.
Devant le visage inquiet qu’affichait Rachid, Fettouma comprit tout de suite que le pire était à craindre. Elle s’approche de son fils, et le prend à l’écart pour lui demander :
- Il n’y a donc plus rien à faire pour elle ?
Les larmes aux yeux Rachid hoche la tête et lève les bras d’un air impuissant :
- Non, plus rien, elle n’a plus qu’un jour ou deux à vivre, trois tout au plus. Ses poumons ne sont plus qu’un tamis rouillé. Il soupire : pourquoi nous a-t-elle caché tout ça ? Elle souffrait, mais nous ne nous en sommes même pas rendu compte. Je savais pourtant qu’elle couvait quelque chose. Son air exténué et ses traits tirés n’auguraient rien de bon. Ces derniers temps, elle affichait une maigreur effroyable.
Fettouma étouffe un sanglot :
- Je crois qu’elle avait déjà vu un médecin, et qu’elle savait qu’elle était perdue. Mais elle a préféré porter ce lourd secret toute seule. D’ailleurs qu’aurait-on pu faire pour elle ?
Rachid lance d’un air triste :
- Prier Dieu d’adoucir ses derniers moments.
Khedaoudj et Naïma qui s’étaient rapprochées d’eux, entendirent nettement la dernière phrase. Naïma perdit connaissance, et sa mère se met à pousser de grands cris.
- Non, non, je ne veux pas le croire, non, Nacéra ne nous quittera pas de sitôt, elle est forte, et saura s’en tirer.
Nadjette accourut pour réanimer Naïma, et Rachid tente de calmer Khedaoudj :
- La science a ses limites, ma sœur, mais les miracles existent. Je ne pourrais tout de même pas vous mentir, Nacéra est bien mal au point et n’a plus, selon ses médecins, qu’un jour ou deux à vivre. D’ailleurs, elle n’est déjà plus parmi nous, elle est déjà dans un coma. On ne sait même pas si elle va sortir de cette situation pour un moment, ou succomber, sans pouvoir ouvrir une dernière fois les yeux.
Khedaoudj se met à pleurer à chaudes larmes, et Naïma qui venait de reprendre connaissance, se laisse tomber sur un banc à côté de Fettouma qui lui entoura les épaules de son bras :
- Du courage ma fille, nous sommes tous ébranlés, moi plus que vous tous, car elle a vécu dans ma maison, et a assisté mon mari dans ses derniers moments. Mais que pourra t-on faire devant les décisions du destin, Dieu est grand et nous viendra en aide dans ces moments difficiles. Qu’il soit clément avec Nacéra, et l’accueille en son Vaste paradis.
(À suivre)
Y. H.
15 juin 2011
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