Auteur : Mohamed Benelhadj
E-mail : mohamedbnlhdj@gmail.com
En attendant l’été, voici, pour se tenir au chaud, quelques unes de mes « Chroniques des jours sans ».
Valets et maîtres
Il est parfois fort utile de revisiter certains auteurs classiques (presque) oubliés. Ils méritent non pas seulement l’admiration que leur vaut leur immense talent mais aussi l’infini respect pour avoir approché de si près la vérité.
Je ne peux m’empêcher d’offrir à mes lecteurs ce bouquet savoureux, dussent certains, qui auraient raison de se reconnaître, en être sévèrement flagellés, ce qui ne serait point pour me déplaire. Voici donc. A charge tout de même que tout un chacun fît l’effort de s’instruire et de la vie et de l’œuvre du Baron d’Holbach. Délectons-nous de cet extrait de son « Essai sur l’art de ramper à l’usage des courtisans » :
« Un bon courtisan ne doit jamais avoir d’avis, il ne doit avoir que celui de son maître ou du ministre, et sa sagacité doit toujours le lui faire pressentir ; ce qui suppose une expérience consommée et une connaissance profonde du cœur humain. Un bon courtisan ne doit jamais avoir raison, il ne lui est point permis d’avoir plus d’esprit que son maître ou que le distributeur de ses grâces, il doit bien savoir que le Souverain et l’homme en place ne peuvent jamais se tromper. Le courtisan bien élevé doit avoir l’estomac assez fort pour digérer tous les affronts que son maître veut bien lui faire…Un véritable courtisan est tenu comme Arlequin d’être l’ami de tout le monde, mais sans avoir la faiblesse de s’attacher à personne ; obligé même de triompher de l’amitié, de la sincérité, ce n’est jamais qu’à l’homme en place que son attachement est dû, et cet attachement doit cesser aussitôt que le pouvoir cesse… »
Par les temps qui courent, l’abnégation des dévots pour la Divinité n’est rien. La reptation visqueuse du courtisan au pied de son maître c’est quelque chose. Dieu nous en préserve !
Med B.
A bientôt.Salutations trézéliennes. Mohamed Benelhadj.
12 juin 2011
Contributions, Mohamed Benelhadj