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MohaMmed Dib PORTRAIT… Par : Hamid Grine

11 juin 2011

Contributions, LITTERATURE

MohaMmed Dib PORTRAIT… Par : Hamid Grine dans Contributions logo_imp
Edition du Dimanche 20 Février 2011

Culture

MohaMmed Dib
PORTRAIT…


Par
: Hamid Grine


Au
détour d’une vente-dédicace à la librairie de mon ami Cheikh Omar à
Tizi Ouzou, un vieil homme élégant et raffiné s’approcha de moi pour
m’entretenir de Dib, qu’il avait connu en France dans les années 1980.
Mon interlocuteur m’apprit qu’il était alors diplomate en poste à Paris
,
Suite... et qu’il lui arrivait de rencontrer Mohammed Dib dont il avait lu toute
l’œuvre. Mais ce n’est ni la Grande maison qui le marqua ni Laezza.
C’est Dib lui-même qui avait l’air profondément triste. Il le croisait
parfois se promenant le visage tourmenté. C’est exactement l’image que
j’ai de cet écrivain déchiré. Déchiré ? Oui, c’est bien le mot. Déchiré
parce qu’il avait le vertige entre deux pays : l’Algérie et la France
dont il avait adopté la langue et épousé une fille du pays, un amour de
jeunesse, la fille de son propre instituteur. Son déchirement n’est pas
de naissance. Mais de circonstance. À cause de sa trilogie, la Grande
maison, l’Incendie, le Métier à tisser, qui décrit un univers
d’oppression et de pauvreté, l’univers algérien de l’époque en somme
occulté par les écrivains français de souche, il sera obligé de s’exiler
en France en 1959, juste après avoir titillé, une nouvelle fois,
l’ordre colonial avec un autre roman : un Été africain. L’indépendance
venue, l’auteur de la Grande maison ne reviendra pas à sa maison. Quel
effroi devant cette nouvelle Algérie qui se dessine a-t-il étreint son
cœur de poète pour qu’il ne revienne plus vivre ici au milieu des siens ?
Mystère ? Réfléchissons un peu. Voilà un écrivain de grand talent qui
ne sait ni marauder, ni jouer des coudes, encore moins flagorner en
entonnant des chants révolutionnaires à la gloire des nouveaux maîtres
en se prosternant devant eux. Posons alors la  question : a-t-il été
déçu par les nouveaux dirigeants de l’Algérie indépendante ? Oui, oui,
oui. Le contraire eut était étonnant. Fier comme tout écrivain, il a
essayé à plusieurs reprises de trouver un point de chute en Algérie.
Mais, à chaque fois, on lui faisait comprendre qu’il n’avait pas sa
place. Dans cette Algérie qui se construisait, on déconstruisait un
grand écrivain. Pas seulement lui : Kateb aussi, Mammeri aussi et tant
d’autres, victimes de ceux qui confondaient l’écrivain-artiste avec
l’écrivain public qui palliait leur illettrisme en leur rédigeant de
belles lettres. Oui, Dib a été victime de l’inculture des uns et du
mépris des autres. Dans une interview accordée au journaliste Mohamed
Zaoui en 1998, il dit les choses par leur nom : “Aux premières années de
l’indépendance, en 1964 et en 1965. J’avais fait plusieurs voyages (en
Algérie, Ndlr) et, à chaque fois, on me disait qu’ »on allait étudier la
question », tout en me demandant de retourner chez moi et d’attendre.
J’avais proposé la coédition de mes livres, car j’avais obtenu de mon
éditeur français cette autorisation. C’est-à-dire qu’au lieu que
l’Algérie les achète au prix fort à l’édition française, ces livres
auraient été imprimés en Algérie, et donc vendus à des prix accessibles
au public. De plus, j’avais proposé l’édition d’une œuvre originale,
malheureusement, je n’ai jamais eu de réponse. C’est pour cette raison
que je dis que je vis en France en tant que travailleur émigré, parce
que j’ai trouvé dans ce pays les possibilités de logement, de moyens
d’existence que je n’ai pas trouvés en Algérie.” Terrible confession qui
brise le cœur. Le sort de Dib résume à lui seul, en raccourci, le
statut de l’écrivain et de l’intellectuel en Algérie.
Dès l’aube de
l’indépendance, le message était clair : allez vous faire voir ailleurs.
C’est pour cela que l’écrivain était triste. Triste pour son pays dont
certains de ses hommes pouvaient se permettre de se passer d’un Dib.
L’histoire s’est vengée : eux sont passés. Et lui est resté. Parce que
l’Algérie sait reconnaître les siens.

H. G.
hagrine@gmail.com

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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