Edition du Mardi 08 Mars 2011
Editorial
La gratitude, parlons-en !
Par : Omar Ouali
La réconciliation nationale ne saurait être une œuvre totalement achevée si elle laissait sur le carreau ces auxiliaires des forces de sécurité alors que, dans le même temps, on assiste, révoltés et scandalisés, face à tant de sollicitude dont sont l’objet les ex-terroristes, devenus des super- citoyens roulant en 4X4 et affichant ostensiblement l’argent du racket.
Lors de l’ouverture de la session parlementaire de printemps, la semaine dernière, le ministre de l’Intérieur exprimait “la reconnaissance et la gratitude” de l’état pour les gardes communaux en considération du “travail gigantesque” qu’ils ont accompli pour protéger le pays contre la barbarie terroriste. à la bonne heure !
Bien sûr qu’il n’y a pas l’ombre d’un doute sur la sincérité du propos du ministre de l’Intérieur qui est d’ailleurs aujourd’hui en première ligne pour prendre en charge ce dossier. Cependant, cet hommage, si flatteur pour l’ego des combattants pour la République, n’en est pas moins en décalage par rapport à la réalité qui est celle de ce corps. Un corps arrivé aujourd’hui au carrefour des incertitudes dans une Algérie où les héros d’hier ne sont pas forcément ceux d’aujourd’hui.
Et le rassemblement d’hier, qui a vu des milliers de gardes communaux affluer de toutes les régions du pays pour se retrouver devant le siège de l’Assemblée, se donne à lire comme un double message de révolte et d’alerte en direction des pouvoirs publics. Ces derniers, plus que jamais conviés à réfléchir à deux fois plutôt que de vouloir sceller à bon compte le sort de ces milliers de gardes communaux, GLD et Patriotes dont la présence semble nuire à l’harmonie du décor politique repeint aux couleurs de la réconciliation nationale.
La réconciliation nationale ne saurait être une œuvre totalement achevée si elle laissait sur le carreau ces auxiliaires des forces de sécurité, alors que, dans le même temps, on assiste, révoltés et scandalisés, face à tant de sollicitude dont sont l’objet les ex-terroristes, devenus des super- citoyens roulant en 4X4 et affichant ostensiblement l’argent du racket.
C’est pourquoi nous partageons la cause des gardes communaux et considérons que la seule gratitude qui vaille, c’est la prise en charge de leurs revendications. Pour un redéploiement honorable des plus jeunes. Pour une retraite décente pour ceux qui ne peuvent plus rien donner. C’est la moindre des reconnaissances, et les discours de circonstance et autres envolées lyriques sur leur héroïsme ne sont que monnaie de singe.
11 juin 2011
Contributions