Edition du Mardi 15 Février 2011
Culture
Entre conviction et mise en scène
Reflet culturel
Par : ABDENNOUR ABDESSELAM
La dernière fois, mon ami Ali me disait que s’il était difficile de convaincre il est certainement encore plus escarpé de se convaincre soi-même.
Chercher à savoir, à comprendre et à projeter des idées avec force de persuasion c’est encore meilleur que de croire simplement en elles. Les savoir et les partager est synonyme d’assurance, tandis que les croire est seulement risquer de faire dans le mirage. C’est tout de même pénible de se retrouver face à un tel dilemme, dira-t-on ! L’homme de part sa nature est en effet capable de dégager, de fournir et de s’efforcer à produire une incroyable et folle énergie dans la pensée. Mais lorsque l’effort est fait dans la culture du paraître détaché, alors le gâchis l’emporte. Le domaine de l’intérêt public (dit lmecmel) n’est jamais personnel. La synergie des idées et des efforts est la garante de sa stabilité, de son évolution et de la réussite. Seul dans un terrain de course les couloirs dépendent de l’effort de chaque athlète. À l’évidence, un train à moitié vide n’est jamais rentable commercialement. Être dans le réel des choses, dans leur temps, en phase avec les préoccupations quotidiennes (surtout celles de ceux qui constamment sont en position d’attente, même d’une vaine attente) et suivre pas à pas même l’ombre des espoirs alors l’effort va sans dire. Il va de lui-même et peut aisément se passer de la laborieuse emphase des échos sonores s’en allant se perdre et disparaÎtre fatalement dans des le brouhaha du rugissement des torrents. Le mensonge le plus crié à tue-tête, le plus organisé, le plus presque parfait est un art disait Molière car, dit-il, il faut être capable de le transformer en vérité même la plus invraisemblable, la plus incroyable aussi. Les mots du mensonge sont comme ceux du discours à vau-l’eau et circonstanciel. Ils ont la peau trop écaillée d’où se détachent une à une les pellicules au gré du frêle souffle de la moindre bise, car les mots du mensonge ne prétendent pas aller plus loin que le contraire de ce qu’ils veulent dire réellement. Mais la situation la plus inconfortable est de mentir et oublier en même temps le fil et la trame du mensonge. La conviction ou la mise en scène du mensonge annoncé se disputent alors l’auteur dans un cafouillage étourdissant. Il est, certes, difficile de domestiquer sa propre image et consentir d’aller justement par delà le miroir. Mais à trop vouloir laisser du monde sur les quais on finit souvent, sinon toujours, par échouer d’arriver… seul.
A. A.
kocilnour@yahoo.fr
11 juin 2011
Contributions