Edition du Jeudi 17 Mars 2011
Culture
BHL, Gueddafi et la philosophie du quotidien
Souffles…
Par : Amine Zaoui
Bernard-Henri Lévy (BHL) est une star intellectuelle des médias français et américains. J’ai toujours imaginé ce BHL, je ne sais pas pourquoi, similaire à un intellectuel aristocrate, super bourgeois descendant du ciel du XVIIIe. Il dort dans des draps roses et, le lendemain, voyagera pour écrire sur les guerres, les conflits, les misères et les pauvres.
Mais ce BHL demeure le philosophe contemporain et l’intellectuel qui tente de lire et de produire la philosophie sur terre, pour la terre. La philosophie du quotidien événementiel. La philosophie est l’acte intellectuel des Terriens ! Quand la philosophie marche à pied, elle ne fait pas peur aux citoyens. Ce que fait BHL en écriture philosophique ne relève pas d’un mirage intellectuel. Beaucoup d’absurdités dépendant d’un ciel épistémologique clair. Médiatiquement bien réfléchi. Même si ne nous partageons pas les idées et les procédés de BHL, ce super bourgeois philosophe nous interpelle par ses champs d’intervention. Un écrivain toujours d’actualité, noyé dans l’actualité. BHL, par ses voyages songeurs rêveurs dans un monde de sang, de mort et de haine, a réveillé la philosophie. Même sur une échelle d’illogisme, il a fait descendre la philosophie de l’arbre du ciel. Le tombeur (dans tous les sens) ! Dès que la guerre a été déclenché en Afghanistan, il a répondu présent. En témoin direct, sur place, il a délivré sa vision philosophique sur les tensions dans ce pays. Grâce aux écrits de l’écrivain BHL, l’Occident politique et public a connu une facette du commandant chah Messoud de l’Afghanistan. Son récit du voyage afghan a provoqué des colères et des critiques.
En voyageur, comme sur les traces de Guy de Maupassant, BHL découvre l’Algérie des massacres, celle des années quatre-vingt-dix. Un œil vif, un stylo en or, en bon vendeur d’événements, BHL enseigne au monde occidental les notions du terrorisme, l’islamophobie et autres marchandises intellectuelles. Il visite Bentalha, Sidi Moussa et Oran. Il se rend “dans des lieux interdits aux journalistes”, là où le terrorisme islamique a manifesté sa férocité et bestialité sans paire. Et son récit sur l’Algérie a fait couler beaucoup d’encre chez les intellectuels et les journalistes des deux côtés de la Méditerranée. Nous sommes en 1993, BHL, philosophe et écrivain, spécialiste des causes médiatiques, nous propose, cette fois-ci, son film Bosna ! Il est aussi réalisateur, ce BHL ! Un film documentaire sur la guerre en Bosnie, en plein siège de Sarajevo. Un film de violence, violent.
Une pellicule sur les simples gens de la rue, sur les intellectuels, sur les soldats et les politiques. Elle découvre les zones des combats : marées de sang, des corps mutilés, de la peur et les exodes collectifs. Déportation. Un François Mitterrand et un Izzet Begovic. Un philosophe en chemise blanche en guerre !
Contre la guerre. Il déguste la guerre en tant qu’encre, sujet captivant et business intellectuel. Le vendredi 3 mars 2011, le philosophe est à Benghazi. Il écrit : “Miracle d’un peuple qui n’a, tout à coup plus peur.” Accompagné de Moustafa Abdeldjalil, président du Conseil national de transition, fasciné par le courage des combattants libyens, BHL téléphone au président Nicolas Sarkozy. Il arrive à le convaincre de recevoir une délégation du Conseil national de transition. Le vendredi 10 mars, autour d’une table, dans une salle de réunion du palais de l’Elysée : d’un côté, Nicolas Sarkozy et son ambassadeur, de l’autre, trois membres de la délégation libyenne ainsi que Bernard-Henri Lévy. BHL, le philosophe est ici, dans l’événement. Il crée l’événement et choisit les acteurs de son événement. Certes, BHL, le philosophe, n’a pas lu “le livre vert”. Où le philosophe Gueddafi crie fort : Euréka ! Gueddafi, enfin, découvre “une nouvelle théorie”. Il arrive à nous enseigner comment faire la différence entre un homme et une femme : “Les femmes, à la différence des hommes, ont leurs règles chaque mois… Les hommes ne peuvent pas être fécondés.” Quelle découverte philosophique majeure ! Quand BHL, le philosophe, s’implique dans l’événement, le crée et le décrit, quand il détourne, retourne et fait tourner l’événement, nos philosophes s’échangent sur une question absurde : “Qui était là avant : l’œuf ou la poule ?” Quand BHL parle de la Bosnie, de l’Afghanistan, de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Égypte, de la Libye, en temps philosophique réel, nos philosophes, quant à eux, se taisent. Hibernation ou dormance ! Même si BHL a traversé les guerres, les conflits, les haines et les rêves dans nos pays sans s’en apercevoir, il demeurera un témoin de l’histoire. Un témoin par la “trace” : l’écrit et l’image. Certes, il existe beaucoup d’exotisme dans les écrits du BHL et dans son regard braqué sur le monde arabo-musulman. Mais la philosophie, comme la culture, n’accepte pas la chaise vide ! N’accepte pas le silence. L’absence ! Ceci n’est qu’un appel à nos philosophes. Mais, enfin, y a-t-il des philosophes chez nous ?
A. Z.
aminzaoui@yahoo.fr
22 septembre 2011 à 12 12 57 09579
La raison veut qu’un dialogue valable au moyen orient où les religions se cognent n’est pas forcement valable en chez nous. Les fleurs du laurier nous rappellent que les gens avec qui ces guêpes dialoguent connaissent notre culture mieux que nous. Ils nous connaissent trop bien même si certains parmi nous ne se reconnaissent pas quand ils dialoguent avec eux-mêmes. Bernard-Henri Lévy, le fils de Beni-Saf, est un exemple pertinent. Certaines guêpes dans le club des poètes et amis de Beni-Saf considèrent que ce juif est plus musulman qu’un algérien chez nous. Nos voisins l’observent comme un sauveur des « révolutions ». La politique des guêpes dans la ruche ne plait plus aux abeilles. Guêpes contre abeilles est le résultat de notre guerre de révolution.
Dr. Omar chaalal