Edition du Mardi 08 Février 2011
Des gens et des faits
L’Algéroise
La nouvelle de Yasmine Hanane
Résumé : Rachid se maria en grande pompe. On célébra son mariage, puis celui de Meriem, qui rejoignit son mari à Oran. Il ne restait plus que Nacer. Mais ce dernier ne voulait rien savoir du mariage. Pris comme il l’était par ses investigations, il ne pensait qu’à ses recherches.
76eme partie
Nacer, lui ne voulait rien savoir du mariage. On avait beau le taquiner et le traiter de “vieux” garçon, il n’en démordait pas. Pour lui, fonder un foyer et avoir des enfants étaient une chose qui pouvait encore attendre.
Seules ses études l’intéressaient pour le moment, et il s’apprêtait à entreprendre un long voyage à travers le Moyen-Orient pour étudier l’histoire des civilisations anciennes, et écrire un long essai sur l’itinéraire de certains savants perses et arabes.
Un long travail de recherche et d’investigation l’attendait. Alors où trouverait-il dans tout ce remous une place pour une femme ? Certes, il avait connu quelques aventures galantes, mais à vrai dire, il n’avait pas du tout apprécié ce temps perdu à courir derrière une nana, pour se voir éconduit poliment. Quelquefois, son caractère curieux lui jouait de vilains tours. Combien de fois n’avait-il pas tenté de jouer à l’entremetteur entre ses amis de la fac et quelques jeunes premières qui n’avaient d’yeux que pour lui ?
Nacer avait beaucoup d’allure, tout comme Rachid. Il était grand, athlétique et avait un charme encore plus ravageur. De jeunes voisines se mettaient au balcon pour le voir passer et plus d’une maman faisaient secrètement le vœu de l’avoir pour gendre.
Fettouma connaissait son fils. Nacer avait de la personnalité, de la prestance et un caractère bien particulier.
C’est quelqu’un qui savait ce qu’il faisait, et Fettouma le laissait faire. Que pourrait-elle d’ailleurs lui reprocher ? Le mariage ? Mais non, il se décidera de lui-même au moment opportun.
Mais au fond d’elle-même elle priait pour que Nacer revienne vivre à la grande maison auprès d’elle.
N’avait-il pas assez voyagé maintenant pour se tenir tranquille pendant quelque temps ?
Fettouma rêvait de lui confectionner des plats de sa spécialité, de lui préparer ses gâteaux préférés et de le dorloter comme quand il était encore tout petit.
Elle se sentait bien seule et se rappelait le temps passé, avec cette pointe de nostalgie qui ne la quittait presque jamais. Même quand la guerre faisait rage, elle ne s’était pas sentie aussi malheureuse.
À cette époque, la famille était encore là au grand complet, hormis Mahmoud qui était au maquis. Mais elle avait ses enfants autour d’elle, et elle sentait la présence de son mari, comme s’il n’avait jamais quitté les lieux. Mais maintenant, sa vie avait pris une autre tournure.
Le silence et le vide résonnaient dans la grande maison. Elle avait fini bien sûr par la retaper juste après le mariage de Rachid et de Meriem.
Une armada de maçons guidés par un entrepreneur et un architecte avaient fait un travail sensationnel.
Les balustrades et les boiseries avaient été changées par les soins d’un menuisiers du quartier, les mosaïques des balcons et de la cour rafraîchies, les plafonds de certaines chambres qui menaçaient de s’effondrer remis à neuf, le puits repeint et récuré, la margelle en marbre poncée, et l’arcade en fer forgé refaite et peinte en blanc.
La maison sentait encore la peinture fraîche et Fettouma avait tenu à renouer avec ses plantes qu’elle avait auparavant mises à l’abri sur la terrasse. Ainsi donc, le jasmin, le rosier, le lierre, la fougère… reprirent leur place dans la grande cour. L’air sentait bon la nature et le jasmin répandait son parfum à travers toute la maison.
(À suivre)
Y. H.
11 juin 2011
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