Edition du Lundi 14 Mars 2011
Des gens et des faits
“Mauvais rêve…”
La nouvelle de Adila Katia
RÉSUMÉ : Warda et son fils sont venus à Boghni. El hadj, qui ignore tout, les introduit chez son fils. S’il n’en tenait qu’à Fetoume, elle les renverrait. Elle est responsable de la mort de son mari. Warda refuse de partir sans avoir vu Zakia. Celle-ci se demande ce qu’elle peut bien lui vouloir…
30eme partie
Fetoume reste dans la cuisine, refusant de les laisser seules. Elle prie el hadj Rabah d’en faire autant.
- Elles ne sont pas amies, elles n’ont pas de secret à se raconter !
Zakia est trop faible pour se tenir debout. Elle s’assoit en face de Warda qui tient son fils sur ses genoux. Un garçon qui ressemble trait pour trait à son défunt père. Elle pense qu’elle est là pour lui demander l’autorisation d’assister à l’enterrement. Si c’est le cas, elle ignore que faire. Elle ne supporterait pas sa présence et les racontars. Les gens allaient se poser des questions et se mettre à parler.
Elle regarde Warda, se demandant comment elle avait pu faire tourner la tête à Salem au point d’en être sa perte. Même si elle lui en voulait, elle avait du chagrin à revendre. Elle l’avait toujours aimé. Malgré la colère.
Fetoume peine à se taire. Elle a de la peine pour sa fille. Elle n’attend qu’un signe d’elle pour les mettre dehors.
- Pourquoi tu ne la laisses pas tranquille ? Cela ne vous suffit pas d’être derrière la mort de Salem ? il faut que vous la torturiez. Zakia, tu n’es pas obligée de la supporter !
- Maman !…
La jeune femme a un geste de la main pour lui demander de se calmer.
- Je veux seulement vous parler…
- Je vous écoute.
Warda s’éclaircit la gorge.
- Ils ont ouvert une enquête. Je ne suis pour rien dans la mort de mon mari, affirme-t-elle. L’enquête le prouvera.
- Vos frères si, dit Zakia. Ils m’ont harcelée pendant des mois. Deux d’entre eux sont morts. Votre famille est impliquée.
- Oui, je sais. Mais moi… j’ai peur…
- Il ne pourra pas arriver pire, dit Fetoume.
- Si je ne prouve pas mon innocence, j’irais en prison, lâche-t-elle. Mon garçon risque de se retrouver sans parent…
- Et alors ? s’écrie Fetoume. Il aurait fallu y penser avant de devenir une terroriste !
- Non. Mais si j’étais accusée de complicité, je voudrais que l’enfant vous soit confié, poursuit Warda. Mes parents ne veulent pas de lui.
- Mais vous êtes folle de croire qu’elle va vous le garder !
- Maman, s’il te plaît…
- Je te dis qu’elle est folle et ne te laisse pas embobiner. Elle a eu Salem et maintenant qu’elle risque d’aller en prison, elle veut te refiler son rejeton.
- Elle a raison d’y penser ! Mais pourquoi moi ?
- Je sais que vous prendrez soin de lui, dit-elle. Il sera parmi ses frères. Je vous en prie, rassurez-moi ! Vous prendrez soin de lui ? Dites-moi !
- S’il devait être séparé de vous, j’en prendrais soin !
- Jurez-le moi !
- C’est juré. J’en prendrais soin.
Warda ne tardera pas. Elle rentrera chez elle. Toute la famille part au village où Salem sera enterré le lendemain.
Zakia prendra plusieurs jours pour se ressaisir. Sa belle-famille était restée s’occuper d’elle et des enfants. La fin de l’année scolaire leur permet de retourner à Alger.
La jeune femme accepte la proposition de sa belle-famille de rester vivre avec eux. Elle veut que ses enfants soient entourés de toute la famille. Elle ne reprendra pas dans l’enseignement. Elle acceptera de devenir correctrice dans un journal francophone.
Un jour, son amie l’appelle pour lui lire un courrier envoyé à son ancienne adresse.
Grâce à un bon avocat et un juge clément, elle n’ira pas en prison. Mais elle lui demande permettre à leurs enfants de se connaître.
Zakia est bien soulagée. Elle accepte qu’ils se voient lors des vacances. Ils sont frères et le courant passe bien entre eux. Elle n’a pas eu le cœur à les séparer. Ils avaient perdu leur père et gagné un frère. Tout comme eux, il est une victime dont elle prend soin. Heureusement que le mauvais rêve avait pris fin pour elle et pour eux. Mais elle n’est pas près de l’oublier. Il suffit de voir Sami, pour se le rappeler…
Fin
A. K.
11 juin 2011
Contributions