23.“Mauvais rêve…” La nouvelle de Adila Katia

Edition du Samedi 05 Mars 2011

Des gens et des faits

 

“Mauvais rêve…” 

La nouvelle de Adila Katia

RÉSUMÉ
: Salem a arraché le fil du téléphone. Il tente de la convaincre mais
elle ne veut pas tomber dans le piège. Tout ce qu’il leur arrive, c’est
de sa faute. Elle lui demande de partir. On frappe à la porte à ce
moment-là. Salem panique tout comme elle…

23eme partie

Les coups redoublent d’intensité. Zakia a l’impression que son cœur ne bat plus. Elle pense à ce qui va arriver, à ses enfants que le bruit allait réveiller. Au malheur qui allait tomber sur eux. Tout cela à cause de
son cher mari.
Comme on continuait à frapper, Salem se dirige vers la porte.
- Non ! N’ouvre pas !
- Je sors ! Qu’ils fassent ce qu’ils veulent de moi…
Zakia
sait qu’elle ne pourra pas l’empêcher d’ouvrir, elle recule dans le
couloir. Salem a ouvert la porte. D’où elle se tient, elle peut entendre
un homme le saluer. Ce sont des gendarmes. Elle est si soulagée que ses
jambes tremblent. Elle se laisse glisser contre le mur.
Salem invite les gendarmes à entrer. Ces derniers expliquent la raison de leurs présences.
- Les voisins ont entendu des cris, est-ce que tout va bien ?
- Oui, répond Salem.
- Nous voudrions voir votre femme.
- Zakia !
-
Depuis qu’elle a porté plainte, nous surveillons la maison de près et
nous avons chargé les voisins de nous alerter au moindre fait anodin. La
jeune femme, qui était dans un état second, réussit à se lever et entre
dans le salon. Elle les salue et se laisse choir dans un fauteuil. Elle
a encore les jambes tremblantes, ses mains aussi tremblent. Elle ne
sent plus son cœur. Elle a mal au ventre. Tous remarquent son teint
blafard et son regard effrayé.
- Excusez-nous, nous ne voulions pas
vous effrayer, dit l’un d’eux. Nous avons appelé et personne n’a
répondu. Nous avons pensé au pire, suite à l’appel des voisins. Dieu
soit loué, vous allez bien ! Vous avez des problèmes de téléphone ?
- Non, j’ai pris le fil, en passant, dit Salem, la devançant. Je le réparerai.
- Bien. Maintenant qu’on est rassurés, nous vous laissons dormir ! Par mesure de sécurité, restez vigilants.
Zakia
hoche la tête pour les remercier. Elle s’efforce de sourire. Elle est
touchée. Le fait qu’ils soient venus maintenant prouve qu’ils ont pris
son problème à cœur. Ils n’ont pas oublié sa plainte.
- Merci d’être passés, leur dit-elle. Bonne nuit !
Salem les raccompagne. Lorsqu’il revient, il la trouve en train de pleurer.
- Les enfants n’ont rien entendu, c’est bien !
- Oui, je n’aurais pas supporté qu’ils vivent ce cauchemar ! dit-elle en essuyant ses larmes.
Sa
colère était tombée. Elle était si soulagée que ce ne soit pas des
terroristes. Mais elle en veut toujours à son mari. Elle ne veut pas
mourir à cause de lui. Elle ne méritait pas de mourir maintenant alors
que ses enfants sont si jeunes. Ils allaient avoir besoin d’elle. Qui
pourrait aider son aîné à dépasser la crise d’adolescence sans mal
tourner ?
Dire qu’elle avait refusé d’écouter sa mère qui était la
raison même. Elle partira avec ses enfants. Elle ne veut plus de la
maison.
- Je vous laisserai la maison dès la fin de la scolarité, dit-elle. Laisse-nous le temps de nous retourner !
- J’ignore s’ils me croiront.
-
Elle, elle te croira, dit-elle. Il y a un moment, j’ai vu la mort
frapper à la porte ! J’ai pris conscience que cette maison n’en valait
pas la peine. Va à Blida et convainc-les ! Il est encore temps.

(À suivre)
A. K.