21.“Mauvais rêve…” La nouvelle de Adila Katia

Edition du Mardi 01 Mars 2011

Des gens et des faits

“Mauvais rêve…”

La nouvelle de Adila Katia

Résumé : Pendant deux mois, Zakia est sans nouvelles de son mari. Au point où ils en sont, ils pouvaient se séparer. Elle garderait les enfants et la maison. Un soir où elle veille, elle entend un frottement, à la porte d’entrée. D’où elle se tient, elle peut voir une feuille glisser sous la porte d’entrée…

21eme partie

Zakia hésite à la prendre. Puis la curiosité l’emporte sur la peur. Elle se baisse et prend la feuille pliée. Il s’agit d’un message de son mari. Il demande à la voir tout de suite.
Pourquoi est il venu si tard ? Se savait-il surveillé ? Elle se pose la question tout en lui ouvrant. Malgré tout, elle n’avait pas le cœur à le laisser dehors, au froid, à l’insécurité. Même si elle lui en veut, de les avoir mis dans cette situation de non-retour.
Tout ce qui est arrivé est de sa faute. S’il doit venir en cachette, s’il a maigri, s’il en meure aussi…
Son mari n’a pas seulement maigri. Il a pris un coup de vieux et il porte une barbe de plusieurs jours. Il semble si malheureux et si perdu qu’elle en a mal au cœur.
- À te voir, lâche-t-elle sèchement, ce malheur s’est tombé sur la tête ! Comme un accident…
- C’est bien ce qui m’est arrivé, soupire Salem. Je ne m’y attendais pas, jamais je n’ai voulu te trahir, avoir une deuxième famille !
- Tu ne t’attendais pas à ce qu’elle tombe enceinte ? s’écrie la jeune femme, très déçue. Mais qu’est-ce qui t’a pris ? Pourquoi avoir tout gâché ? Alors qu’on était heureux.
Salem s’apprête à lui répondre quand la sonnerie du téléphone les interrompt. Il lui demande de ne pas décrocher mais Zakia ne l’écoute pas.
Elle décroche, ne tenant pas à ce que ses enfants soient réveillés. Elle perçoit des bruits de fond. Au fond de son cœur, elle sait qu’il va parler. Après un silence qui a duré plusieurs semaines.
L’auteur de ses appels devait savoir son mari à la maison.
Elle est choquée d’entendre des insultes. À maintes reprises, elle tente de l’interrompre mais il crie trop fort pour pouvoir l’entendre.
- Mais je ne vous ai rien fait ! crie-t-elle lorsqu’il la menace. Pourquoi m’en voulez vous ?
- Ton mari va regretter d’être né ! il va payer sa trahison ! Lui ou sa famille !
- On ne vous a rien fait ! Laissez-nous tranquille !
Salem tente de lui arracher le combiné mais elle ne se laisse pas faire.
- On vous a rien fait ! répète-t-elle.
- Il n’aurait pas dû s’approcher de Warda !
- Warda ? Parce qu’elle s’appelle Warda ?
- Vous avez quelques jours, pour partir, sinon il le regrettera !
Cette menace ne l’effraie pas. Tant qu’ils ne s’en prendront pas à ses enfants, elle ne se soucie plus du sort qui risque d’être réservé à son mari.
Tout ce qu’il leur arrive depuis des semaines, voire des mois, c’est de sa faute.
- Ne touchez pas à mes enfants !
Zakia ne peut pas en dire plus. Salem a pu arracher le fils du téléphone. Elle se rend compte qu’il est furieux. Mais il ne peut pas l’être plus qu’elle.

(À suivre)
A. K.