Edition du Mercredi 29 Décembre 2010
Des gens et des faits
L’Algéroise
La nouvelle de Yasmine Hanane
RÉSUMÉ : Un soir, Mahmoud, chargé de collecter de l’argent chez certains commerçants de son quartier, vint rendre visite à sa famille dans la grande maison. Malgré toutes les appréhensions, on l’accueille avec beaucoup de respect et de joie.
48eme partie
Le jeune homme embrasse son beau-père sur le front, mais Si Ahmed le serre contre lui.
- Mon fils, cela fait plaisir de te revoir enfin après tant d’années.
- Sers vite le dîner, Mahmoud doit avoir une faim de loup.
Mahmoud se tourne vers sa mère :
- Oui, j’ai une faim de loup, mais j’ai aussi peur des loups. Je ne devrais pas tarder, quelqu’un pourra vendre la mèche et on viendra encercler la maison.
- Qu’à cela ne tienne, lance Si Ahmed, je vais faire le guet. Prends tout ton temps pour manger avec tes parents.
- Je n’aimerais pas vous exposer au danger.
- Nous n’aurons que ce que Dieu aura décidé pour nous, mon fils. Allez, fais plaisir à ta mère qui se languissait de toi depuis de longues années.
Mahmoud ne se le fait pas répéter. Il se sentait sale et fatigué, Fettouma se dépêcha de lui préparer un bain et du linge propre.
Il se lave, se change, puis s’installe devant la table du diner sur laquelle trônait plusieurs mets. Affamé, Mahmoud goûte à tout et en redemande même.
Si Tayeb regardait ce fils prodige manger vite et d’un air apeuré. Il comprenait parfaitement l’état d’âme de Mahmoud.
- Tu venais aux nouvelles, mon fils, ou bien es-tu en mission commandée ?
Mahmoud avale un grand verre d’eau avant de répondre :
- Je joins l’utile à l’agréable, père. On m’a chargé de collecter un peu d’argent auprès de nos commerçants. Comme je passais dans le quartier et je n’ai pu résister à l’envie d’entrer vous voir tous.
Il prit Meriem sur ses genoux, tandis que Nacer et Rachid était assis à côté de lui. Fettouma avait préparé un couffin de provisions. Outre de la nourriture, elle avait rajouté du linge propre et des médicaments.
Mahmoud la contemple un moment et constate qu’elle aussi avait beaucoup maigrie. Elle avait même perdu son air joyeux et ses fossettes, jadis fort apparentes lorsqu’elle souriait, formait un pli amer sur ses joues. Ah cette guerre ! se dit-il.
Elle n’en finira pas de faire des victimes ! Il regarde sa mère qui le dévorait des yeux, tout en égrenant son chapelet, puis son père qui, contre vents et marées, gardait cet air placide qu’il lui avait toujours connu.
(à suivre)
Y. H.
10 juin 2011
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