Edition du Lundi 17 Janvier 2011
Des gens et des faits
La voleuse
La nouvelle de Adila Katia
Résumé : Farida et Nabila font tout pour attendrir leur mère et la pousser à accepter d’aller voir Sihem et Djamel. Sihem allait bientôt devenir mère. Chafika meurt d’envie de renouer avec son fils et l’idée d’avoir un petit-fils ne lui déplaît pas. Elle s’inquiète quand Djamel appelle son père. Apparemment, c’est urgent…
30eme partie
-Comment ça ? Elle est à la maternité, tu dis ?
El Hadj Tewfik, tout en prenant sa veste, lui répond que oui. Elle a un problème respiratoire, lui explique-t-il. Par précaution, la maternité a tenu à la garder sous surveillance.
-Djamel ne t’a rien dit d’autre ? l’interroge Chafika en le retenant par le bras. Tu ne sais pas s’ils vont lui faire une césarienne ?
Si son état ne s’améliore pas, ils feront le nécessaire pour les sauver.
- Je viens ! dit-elle. On ne sait jamais.
Elle va mettre un châle sur les épaules et prend un portefeuille pleins de billets. Lorsqu’ils reviendront de la maternité, ils passeront chez Djamel. Elle tenait à leur faire des achats. Peut-être même qu’elle resterait s’occuper de la maison, si Djamel le voulait bien. Il pouvait très bien la renvoyer. Elle avait été bien têtue et perdante, en refusant d’aller à son mariage. Par sa faute, ils ne s’étaient pas vus depuis presque deux ans. Elle avait perdu deux années. Elle en avait conscience en voyant Djamel. Des larmes l’aveuglent en constatant qu’il avait un peu changé. Il avait grossi et il riait spontanément. Quand il les voit arriver, il réserve un accueil chaleureux à son père. Et à elle, il lui dit bonjour comme on le dit pour une vague connaissance.
- Alors, El Hadj toutou, l’idée d’être grand-père t’a fait courir ! conclut-il. Je suis heureux ! Tu ne peux pas savoir à quel point !
- Djamel… Si ta maman est là, c’est pour se réconcilier avec toi, ce n’est pas pour visiter la maternité ! Tu pourrais faire un effort, le prie son père. Sinon je pars. Djamel daigne enfin se tourner vers elle, un sourire au coin de la bouche. Son regard lui reprochait tant de choses.
- Ne t’inquiète pas, murmure-t-il. Tu n’auras pas la joie de la voir mourir ! C’est une battante et les petits s’accrochent !
Les petits ? reprend-elle à bout de souffle. C’est merveilleux ! Djamel je sais que je ne suis pas facile à vivre et que je n’ai pas été une maman dont tu peux être fier… Mais je suis prête à bien des sacrifices pour être une grand-mère qui fera le bonheur de tes enfants ! Je t’en prie, ne me refuse pas cette joie ! Je t’en prie, pardonne-moi tout le mal que je t’ai fait.
- Tu en as conscience, remarque-t-il. C’est déjà un bon début. Sihem est dans la dernière chambre du couloir de droite. Tout dépendra d’elle. Si elle veut de toi dans notre vie, tu seras la bienvenue. Mais si elle refuse, je te prierais de ne pas insister.
- Je comprends que tu veuilles la bénédiction de ta femme, soupire Chafika. Je vais la voir tout de suite.
- Tu ne m’as pas demandé de ces nouve l l e s ! r é t o rque Djamel.
- Si elle était malade je ne t’aurais pas trouvé en train de rire, réplique-t-elle sans sourire. El Hadj, tu m’accompagnes ?
- Je te rejoins après. Je préfère vous laisser entre femmes, ce sera plus facile, pour vous retrouver.
Djamel invite son père à prendre un café. En attendant, Chafika se demande ce qu’elle dira à sa belle-fille. Elle traîne le pas dans le couloir. Elle est surprise de trouver la porte fermée. Elle frappe deux fois avant d’ouvrir. Sihem n’est pas là.
- Vous êtes une parente ? lui demande une infirmière.
- Oui, oui ?
- Elle a été emmenée pour une nouvelle échographie. Elle sera de retour dans dix ou quinze minutes, lui apprend-elle. Vous pouvez l’attendre dans la chambre. Chafika s’assoit près du lit, se disant qu’elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait pas repartir sans l’avoir vue.
(À suivre)
A. K.
10 juin 2011
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