Edition du Dimanche 16 Janvier 2011
La voleuse
La nouvelle de Adila Katia
Résumé : Même si plusieurs mois ont passé, Chafika en veut toujours à Sihem de lui avoir volé son fils. Son mari lui apprend qu’elle est enceinte et cela ne la réjouit pas. El hadj ne voit pas les choses sous cet angle-là. Sihem a gagné son respect puisqu’elle fait le bonheur de son fils.
29eme partie
Farida et Nabila échangent un bref regard, désespérées. Leur mère a beau pleurer de peine, elle refuse de les écouter. Jamais elle ne cédera à l’envie d’aller voir son fils uniquement par orgueil.
- Pourquoi ne serait-ce pas lui qui viendrait ? rétorque-t-elle. Je suis sa mère après tout ! Il ne posera les pieds au paradis que si je le veux !
- Il ne t’a rien fait de mal, le défend Farida. Depuis que je te connais, tu n’en fais qu’à ta tête. On t’a toujours obéi, au début par peur puis par respect. Une fois grands, c’est notre droit de choisir. Moi aussi, tu m’avais fait des problèmes quand j’ai voulu me marier avec l’homme que j’aime. Si je t’avais écoutée, je serais passée à côté du bonheur. Je ne peux que comprendre Djamel. Il a trouvé le bonheur, et c’est normal qu’il veuille le préserver.
- Pourquoi venir me torturer ? s’écrie Chafika. Puisque vous me parlez de Djamel alors qu’il ne viendra plus ici !
- C’est à toi de faire le premier pas maman, dit Nabila. Ton petit-fils, pense à lui. Tu n’as vraiment pas envie de les voir ?
- Si, mais…
- Mais quoi ? veut savoir Nabila.
- C’est… ce ne sera pas facile, murmure Chafika.
- Tu veux dire que tu viendras ? demande Farida.
- Je ne sais pas. Peut-être que je viendrais. Je l’ignore encore, avoue Chafika. Elle en est à son deuxième trimestre ?
- Elle en est au septième mois, lui apprend Farida, émue jusqu’aux larmes. Je serais très heureuse si on se réunissait comme avant. Djamel, j’imagine sa joie ! Il aura deux cadeaux, d’un coup ! Ce sera merveilleux. Chafika hoche la tête. Elle espère qu’au moment donné, elle ne se défilera pas. Aussi, lorsque ses filles repartent chez elles rassurées, elle décide d’effectuer des achats pour le bébé. Elle se donne ainsi la force de penser à la joie à venir et surtout de tenir parole. Cet orgueil mal placé l’éloigne de tous ceux qu’elle aime. Si elle cède encore, elle perdra à tout jamais Djamel. Ses filles lui ont ouvert les yeux. En pensant qu’elle allait bientôt avoir un petit-fils, elle ne peut s’empêcher de sourire. Son mari le remarque et fronce les sourcils. Il ne comprend pas comment elle peut sourire alors que tout ne va pas comme elle le veut, comme ils le veulent.
- Qu’est-ce que tu trames encore ? l’interroge-t-il, suspicieux. De quoi sera fait ton prochain coup ?
- Je suis si mauvaise que ça ? rétorque Chafika.
- Non, mais tu as le don de compliquer les choses.
Tu crois toujours bien faire alors que ce n’est pas le cas.
- Je veux bien te croire puisque tu le dis. Seulement, viens voir ce que j’ai acheté ! lui dit-elle en le précédant à la chambre d’amis où elle avait posé tous les paquets.
- C’est pour qui ? l’interroge-t-il.
- Notre petit-fils. Quoi ? Ce n’est pas bien ? Tu ne veux pas que j’aille les voir ?
El Hadj sourit aux anges. Il n’en revient pas.
- C’est un miracle ! dit-il, alors que le téléphone sonne dans le salon. Je vais répondre !
Quand il décroche, il est surpris de reconnaître la voix de leur fils Djamel. Ce dernier tient à la voir. El Hadj ne refuse pas. Il a senti de la tristesse dans sa voix. Apparemment quelque chose n’allait pas.
(À suivre)
A. K.
10 juin 2011
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