Le Carrefour D’algérie
Point de vue
Par Ahmed Meskine
Le poisson pourrit par la tête
L’entraîneur de l’équipe nationale démissionne après un échec que certains considèrent comme historique, que d’autres qualifient d’inattendu, mais qui n’est en fait que l’aboutissement d’un manque de stratégie du football national, qui n’est pas en fait le seul secteur qui en manque.
Et d’abord pourquoi ne pas perdre puisqu’il s’agit d’un sport de compétition où il faut bien qu’il y ait un gagnant et un perdant. Cette fois-ci le Maroc a été plus fort, mieux organisé, mieux préparé et il a joué sur son terrain et devant son public. Mais s’il faut reconnaître à un chef la capacité de rendre le tablier lorsqu’il a atteint ses limites, cela donne à réfléchir sur le comportement de tous les chefs dans tous les domaines qui s’accrochent mordicus à leurs postes y compris dans la catastrophe. Il suffit de balayer du regard la situation du pays et de faire le bilan de chaque responsable anormalement dénommé chef, construit dans l’arrogance fille d’une fausse grandeur et se frayant des chemins y compris entre les épines, pour profiter des avantages que l’Etat offre. Le manque d’exigence de nos concitoyens face à leurs droits et l’usage des ficelles pour les recouvrer y compris en graissant la patte au premier venu, conforte les responsables dans leurs positions dominantes, au point de se maintenir par tous les moyens puisque personne ne les pousse à partir jusqu’à l’explosion populaire. Et encore ! Souvenons-nous de ce citoyen qui s’est immolé par le feu parce qu’un responsable de sa commune incapable de voir plus loin que le bout de son nez, l’y a poussé en lui citant l’exemple de feu Mohamed Bouazizi. Ce qui fut suivi. Nombreux sont ceux qui ont poussé nos jeunes à cette situation de désespoir et qui confondent le bien de l’Etat avec leurs biens privés. Démissionner? Il n’en n’est pas question car on ne voit pas à quoi cela servirait si ce n’est de faire remplacer Moussa El Hadj par El Hadj Moussa. La question qui se pose n’est plus celle de situer les compétences et de les placer où il faut, mais plutôt de transformer ce système qui broie tout ce qui bouge et qui se trouve incapable de produire de l’efficience. Même madame Zohra Drif sénatrice du tiers présidentiel et elle-même produit de ce système, vient de faire part aux interlocuteurs officiels concernant le débat en cours sur les réformes, de la nécessité d’enterrer les anciennes pratiques et de mettre en œuvre de nouvelles. Même elle. De là à s’étonner de la démission de Benchikha il y a tout de même un début de changement qui nous vient du monde du football. Si tous les Benchikha qui ont échoué dans leurs missions démissionnaient le pays ne s’en porterait que mieux particulièrement si l’on commençait par le haut. Car comme dit un proverbe turc «le poisson pourrit par la tête».
6 juin 2011
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