MIR MOHAMED JOURNALISTE DE LA VOIX
Les derniers romans parus en 2 010 de deux grands écrivains algériens, «Puisque mon coeur est mort» de Maïssa Bey et «Figuiers de Barbarie» de Rachid Boudjedra, viennent d’être retenus parmi les cinq livres sélectionnés cette année par le jury du Prix littéraire «Les Lorientales 2011» dont la proclamation des résultats est annoncée pour le mardi prochain. Les autres romans en lice sont les oeuvres de trois auteurs, deux Libanais («Pluie de Juin» de Jabbour Douaihy et «Toute une histoire» de Hanan el-Cheikh) et un Marocain («Le ciel, Hassan II et maman France» de Mohamed Hmoudane).
Dans «Puisque moncoeur estmort», Maïssa Bey raconte l’histoire douloureuse d’une mère, Aïda, enseignante universitaire divorcée, âgée de quarante-huit ans, dont le fils Nadir, étudiant en médecine, a été assassiné devant le pied de l’immeubleparunterroriste. «(…) Maintenant orphelinedesonfils, assassiné. Pournepas perdre la raison, elle lui écrit dans des cahiers d’écolier. Et à travers ce dialogue solitaire, peu à peu elle avance, inexorable, vers son destin. Mektoub. Un roman fait d’ombres et de lumière – éblouissant. », résume l’éditeur dans une brève présentation de l’ouvrage. Ce livre bouleversant qui nous fait revivre l’expérience traumatisante de l’une de ces milliers de femmes algériennes en deuil perpétuel après l’assassinat d’un être cher durant la décennie noire, s’inscrit dans la thématique d’une oeuvre aussi incrustée dans l’histoire de son pays que celle de Maïssa Bey, qui n’a jamais cessé, tout à la fois en tant que femme, citoyenne, intellectuelle et écrivaine de lutter, par l’écrit et la parole, contre « la violence de tous les silences…». Selon le résume de l’éditeur du livre, « Les figuiers de Barbarie » de Rachid Boudjedra raconte l’histoire de « Deux hommes (qui) se retrouvent côte à côte dans le vol Alger-Constantine. A dix mille mètres d’altitude, en un peu moins d’une heure, c’est leur destin – et celui de tout un pays à travers le leur -, qui va se jouer au fil de la conversation et des réminiscences. Ils sont unis par les liens du sang, par l’expérience traumatisante de la guerre d’Algérie, mais aussi par le souvenir d’un été torride de leur adolescence, épisode dont jamais ils n’ont reparlé mais qui symbolise la jeunesse perdue de leur patrie. Rachid, le narrateur, a toujours voué une admiration mêlée d’envie et de ressentiment à son cousin Omar; celui-ci, devenu un célèbre architecte, parcourt le monde pour mieux fuir ses démons. Ce sont ces fantômes que Rachid va le forcer à exorciser : son grand-père Si Mostafa, propriétaire terrien, l’homme aux ‘figuiers de Barbarie’, symbole d’une Algérie prospère et paisible ; son père Kamel, commissaire soupçonné d’avoir collaboré avec les autorités françaises pendant la guerre; son frère Salim enfin, engagé dans ‘l’Organisation’, mort dans des circonstances mystérieuses. C’est toute l’histoire de l’Algérie déchirée, depuis la conquête française jusqu’à l’indépendance, de l’enfance dorée et sensuelle aux horreurs de la torture et du terrorisme, qui défile dans les souvenirs du narrateur.
5 juin 2011
LITTERATURE