Edition du Lundi 25 Octobre 2010
Culture
La promotion d’un pays à travers ses écrivains
Fatéma Bekhai, Maïssa Bey, Hamid Grine et Mourad Djebel à Amsterdam
Par : Skander WaliD
Loin de la poussée fiévreuse de l’extrême droite en Hollande, la Fédération des alliances françaises aux Pays-Bas a eu la bonne idée d’inviter, le 6 octobre dernier à Amsterdam, quatre auteurs algériens, Fatéma Bekhai, Maïssa Bey, Hamid Grine et
Mourad Djebel, pour parler de littérature algérienne à l’université d’Amsterdam, l’une des plus prestigieuses au monde. Un mot d’abord sur la fédération : elle compte 34 alliances françaises présentes dans 60 villes avec un effectif de 11 000 personnes. Tous des amoureux fous de la langue de Voltaire. À leur tête, la présidente Evelyne J. A. Van Tinteren-America qui se bat comme un beau diable pour faire entendre la voix de la francophonie dans un pays globalement acquis à l’anglais. Chantre des échanges interculturels, Mme Van Tinteren a une haute idée de sa mission : rassembler les personnes de toutes cultures et de tous pays.
D’où la présence de nos auteurs qui ont suscité une curiosité bienveillante de la part du public nombreux, composé essentiellement d’universitaires, qui s’est bousculé dans une salle de l’université. Face à eux, quatre écrivains algériens qui savaient que chacun de leurs mots serait décortiqué par les critiques néerlandais présents en force, à leur tête Fouad Laroui ainsi que Mme Baghli, ambassadrice d’Algérie en Hollande. Durant près de deux heures, chacun des écrivains algériens, introduit par un universitaire néerlandais ou français qui a étudié son œuvre, parlera de ses écrits. Toujours avec franchise, souvent avec émotion. Ainsi Fatéma Bekhai surprendra son monde en évoquant le corsaire Mourad Raïs qui était, semble-t-il, d’origine hollandaise. L’auteure d’Izuran parlera aussi des similitudes historiques entre les Pays-Bas et l’Algérie. Avec Hamid Grine, et son nouveau roman Un parfum d’absinthe (à paraître ce 28 octobre chez Alpha), qui convoque Camus, Dib, Feraoun sur fond de quête identitaire, on découvrira combien l’auteur de l’Étranger est populaire chez les Hollandais. Maïssa Bey, vêtue à l’Algérienne, parlera de son expérience d’écrivaine et de femme. Elle donnera l’image d’une écrivaine sincère et d’une femme moderne et courageuse menant des batailles sur plusieurs fronts : l’écriture, le travail, la famille… Quant à Mourad Djebel, qui vit à l’étranger depuis plusieurs années, il s’interrogera sur la vanité des mots et la puissance du silence. Le cœur sur la main, il dira qu’il ne s’est toujours pas guéri des années de sang. Le débat fut riche. Concentré essentiellement sur la culture et la littérature. Aucune mention à la politique. On ne peut qu’admirer le tact du public qui n’a pas voulu mélanger les genres. Pas une seule question n’a fait frémir Mme Baghli qui a été heureuse de voir l’Algérie présentée sous son meilleur jour, celui de la culture, autre que celui du sang et du terrorisme. Mme Van Tinteren, qui connaît l’Algérie, était heureuse. Elle voulait tant donner une autre image de l’Algérie. Pour elle, la vraie image d’un beau pays au peuple chaleureux et accueillant. La table ronde fut ponctuée par une séance de vente dédicace des livres des écrivains qui ont pu mesurer leur popularité en Hollande. Précisons que les œuvres des quatre écrivains sont étudiées au département de français de l’université d’Amsterdam.
5 juin 2011
LITTERATURE