Edition du Lundi 22 Novembre 2010
Des gens et des faits
“Condamnée à la solitude”
La nouvelle de Adila Katia
Par : Adila Katia
RÉSUMÉ : Ghania était dans tous ses états. Elle refusait d’aller chez son père. Hacène dut la convaincre et exigea à Zohra de ne pas la quitter. Il rapprocha la date du mariage qui fut fêté sans la présence de son fils…
21eme partie
Lorsque Lyès vint, dix jours avaient passé depuis la fête donnée pour marquer son mariage avec sa cousine germaine. D’ailleurs, à la déception de sa famille et de ses amis au village, il ne pouvait pas s’attarder. Il devait reprendre son travail dans moins d’une semaine.
Aâmi Hacène lui fit signe de l’accompagner dehors. Dès qu’ils furent seuls, le vieil homme dit :
- Ghania est malade. Emmène-la avec toi. Je ne supporte pas de la voir malheureuse.
- Je n’avais pas prévu son départ pour cette fois. Si tu veux, lorsque je reviendrai…
Mais aâmi Hacène l’interrompit :
- Peu importe les raisons. Emmène-la avec toi.
Le vieil homme pleura longtemps lorsqu’au moment du départ, Ghania se jeta à son cou et lui demanda, à travers des sanglots :
- Pardonne-moi tout aâmi ! Je sais que depuis que je suis tombée sur ses genoux, tu n’as jamais eu la conscience tranquille. Pardonne-moi tous les tracas. Je voudrais ta bénédiction…
- Tu l’as toujours eu ma fille. Vous l’avez tous les deux (il se tut le temps de se moucher). À partir d’aujourd’hui, ton protecteur est Lyès. Tu devras prendre soin de lui et lui de toi. J’ai maintenant, je te le jure, la conscience tranquille.
Ghania ne voyait pas Boualem qui faisait signe à aâmi Hacène de l’emmener voir son père alité depuis plusieurs jours. Il commençait à ressentir les contrecoups de la vieillesse. Il allait dans les quatre-vingts ans.
- Ghania, je serais encore plus tranquille si tu m’obéissais une dernière fois, dit aâmi Hacène.
- Je ferai tout ce que tu voudras.
- Partons voir ton père. Sa bénédiction vaut mille fois la mienne.
Ghania avait sursauté et s’écartait de son oncle et de Lyès. Elle avait pâli.
- Jamais ! Jamais ! Il peut me vouer au diable, cela ne changera rien. Il n’est pas mon père. Il n’est plus mon père !
Lyès pensa intervenir, mais se retint à la dernière seconde. Il rangea les trois valises dans le coffre et monta dans la voiture louée pour l’occasion. Il pressa Ghania de dire une dernière fois au revoir à tous ceux qui étaient présents et de le rejoindre.
Les dernières embrassades prirent plus d’une demi-heure. Quand elle prit place près de Lyès dans la voiture, elle pleurait toujours. Lyès fit un signe de la main et démarra.
Durant les deux heures pour arriver à Alger, Ghania garda le silence, ne voulant pas déranger Lyès qui devait se concentrer sur la circulation. Ils passèrent la nuit dans un hôtel avant de reprendre la route le lendemain à l’aube.
Lyès n’avait presque pas dormi, ne comprenant pas pourquoi Ghania lui avait exigé une chambre rien que pour elle. C’était pourquoi à l’aube, ils étaient déjà en route.
Durant les premières heures, Ghania dormit. Elle ne se réveilla qu’une fois arrivés à Oran, lorsque Lyès stationnait devant un immeuble de récente construction…
À suivre
A. K.
5 juin 2011
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