Edition du Mardi 09 Novembre 2010
Des gens et des faits
“Condamnée à la solitude”
La nouvelle de Adila Katia
Par : Adila Katia
RéSUMé : Durant quelques semaines, Ghania donna des cours de soutien à Samir et ses camarades. Samir était très proche d’elle. Il lui demanda de se faire belle. Elle ne lui laissa pas le temps de lui apprendre que son fiancé était rentré de Russie…
14eme partie
Ghania se rendait à la cuisine afin de se préparer du café quand des éclats de rire lui parvinrent du salon. Elle aurait voulu entrer, mais rebroussa chemin. Ce devait être des amis de Boualem. Elle se rendit directement à la cuisine.
Du café, il y en avait déjà. Elle était en train d’en chauffer un peu quand Zohra, toute rayonnante, la rejoignit, un plateau entre les mains. Elle rangea les tasses dans l’évier.
- Ghania ! Ghania !
Elle se tourna surprise. Son oncle Hacène était là, les bras tendus vers elle.
- Aâmi !
Sans hésiter, elle alla se jeta dans ses bras, pleurant à en sangloter contre son épaule. Le vieil homme en fut très inquiet et, tenant toujours sa nièce, il interrogea Zohra presque sèchement :
- Mais qu’est-ce que tu as fait à ta sœur ? Et moi qui te faisais confiance ! se reprocha-t-il. Tu lui fais des misères ?
- Si elle est vraiment malheureuse, je n’y suis pour rien, répliqua Zohra. Et si je suis responsable de sa tristesse, qu’elle le dise devant moi.
Ghania s’écarta de son oncle et les rassura :
- Personne ne m’a fait du mal ici. Au contraire, ils tentent de prendre soin de moi par tous les moyens.
- J’ai du mal à te croire, dit le vieil oncle. Vraiment ?
Ghania faisait pitié avec ses yeux rougis, ses larmes mouillant son visage où se collaient les mèches qui avaient glissé de son malheureux chignon.
- Je te jure que Zohra, Boualem et Samir m’aiment beaucoup, et moi aussi. Ils sont tout pour moi.
- Puisque tu viens de me rassurer en me le jurant, dit Hacène en la prenant par le bras pour l’emmener au salon. Viens donc. Je vais te présenter à Lyès. Il est arrivé de Moscou la semaine dernière.
Ghania s’était arrêtée, voulant rebrousser chemin, mais son oncle la tenait fermement, comme s’il avait deviné son intention.
Elle avait rougi violemment quand elle fut devant Lyès. Il ne ressemblait plus au garnement qui lui jouait des trous pendables lorsqu’elle était enfant.
Très intimidée par le beau cousin aux cheveux et aux yeux de jais, elle s’enferma après lui avoir été présentée dans sa chambre, prétextant avoir un module à préparer. Ce soir-là, elle ne dormit presque pas. Elle se réveilla avec beaucoup de retard le matin. Elle partit à l’université sans passer par la cuisine, ignorant que son oncle était reparti au village.
Cette matinée-là, Ghania n’avait aucunement l’esprit à retenir tout ce que disait le professeur. Elle pensait à la venue de Lyès. Sans pouvoir le comprendre, elle aurait voulu l’avoir rencontré autrement, qu’il n’eut pas été son cousin.
Leur première et courte entrevue l’avait tellement impressionnée, après toutes ces années, qu’elle se demandait si elle n’était pas en train de tomber amoureuse.
À force de réfléchir, elle s’avoua que s’il avait été un étudiant, pas un cousin et fiancé, elle aurait accepté de sécher les cours pour être avec lui.
À suivre
A. K.
5 juin 2011
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